Des voiliers à 3 quilles, 3 appendices à la mode anglaise

Nos voiliers sont constitués de différents types appendices,dont certains, comme le triquille, ont connu des succès éphémères qui répondaient au besoin d’une époque.

Il existe différents plans anti dérives et différents types de lest sur des voiliers. On connaît les quillards, les voiliers lestés d’une quille, les dériveurs, les biquilles. Mais certains architectes et fabricants sont allé beaucoup plus loin. Je ne parle pas des foils ou des futurs voiliers de l’America’s Cup, non.

C’est lors d’une balade sur le terre-plein de The Mumbles, dans la Baie de Swansea que j’ai découvert quelque chose que je ne connaissais pas. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque mon regard tomba sur un voilier surprenant, il avait trois quilles. Sa quille principale était entourée, de chaque côté, de deux autres quilles, de taille identique. Les quilles étant visées, de l’extérieur, j’ai d’abord pensé à un bricolage d’amateur. Puis, quelques mètres plus loin, deux autres voiliers avec les trois mêmes quilles. Mais là, les quilles étaient, soient moulées, soit boulonnées de l’intérieur. Il s’agissait d’une série: l’Achille 24.

achilles 24 voilier triquille

Achille 24, Une ou trois quilles

L’Achille 24 a été dessiné par Chris Butler et construit dans son propre chantier, Butler Mouldings, de 1968 à 1985. C’est un quillard assez vivant, typiquement anglais. Il apparait que ce chantier anglais proposait l’Achille 24 en version quillard et, en option, en « version triquille ». Ces voiliers triquille sont donc issus d’une série. Mais alors, pourquoi trois quilles?

achilles 24 voilier triquille

En fait, le tirant d’eau de l’achille 24 est de 1,14m en version monoquille et de 1,03 en version triquille. Fort est de constater que le tirant d’eau ne change pas. En fait, l’idée principale de ces trois quilles était de pouvoir poser le bateau à plat. Et effectivement, le sud du pays de Galles et la Cornouaille sont des plans d’eau à fortes marées, ou les bateaux vont échouer au mouillage. Et c’est là qu’on retrouve ces bateaux.

Une expérience avortée

Le chantier Butler Mouldings ne sera pas le seul à proposer ses bateaux en version trois quilles. En effet, plusieurs architectes ont travaillé sur ce type de plans. Les plus connus sont Maurice Griffiths et Tucker. Maurice Griffiths sera le principal architecte à utiliser cette technique. Ses bateaux, en bois, avaient une quille longue et deux quilles plus courtes de chaque côté. Ce système permettait à ses bateaux d’échouer à plat, sur la vase, à marée basse. En fait, on peut considérer ce système comme une révolution, à l’époque et l’ancêtre du biquille.

Les plus connus de ses bateaux sont l’Eventide et le Waterwitch, à la fin des années 50. Par la suite, on trouvera plusieurs unités amateurs et quelques séries comme le Southerly 28 ou le Monthly 3 tonner, qui avait une quille longue et deux petites qui l’encadraient.

plan Eventide 24

En fait ces triquilles se sont retrouvés face à une nouvelle génération de voiliers, aux quilles plus courtes et plus profondes. Difficile, dans ce cas, de créer des triquilles avec 3 quilles profondes. En effet, il se trouve que les performances des triquilles étaient légèrement plus faibles que les quillards modernes. Leur capacité à remonter au près, elle, n’était pas supérieure.

Dans le même temps, les biquilles commençaient à faire parler d’eux. le chantier Westerly sortait ses premiers bateaux, à la fin des années 60 et le français Jouët commercialisait déjà un biquille depuis 1962, le Tiburon. Ces voiliers biquille n’étaient certes pas des foudres de guerre, et n’étaient pas les meilleurs pour remonter au vent, mais il étaient moins lourd et plus simple que les triquilles. Enfin, il pouvaient se poser tranquillement, et plus sûrement que les triquilles. Du coup, pourquoi utiliser trois quilles quand deux étaient suffisantes.


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