Quelles sont les difficultés d’une navigation en solitaire ?

La navigation en solitaire, sur un voilier, demande une certaine organisation et quelques précautions à prendre pour qu’une sortie en bateau se fasse en toute sécurité. Voyons, ensemble, quelles sont les difficultés de la navigation en solitaire et réfléchissons aux quelques astuces pour naviguer sereinement, en solo.

Partir en mer, seul sur son bateau, n’est pas réservé aux skippers du Vendée Globe. La navigation en solitaire n’est pas qu’une question de navigation hauturière, réservée aux skippers professionnels ou aux plaisanciers ayant 20 ans d’expérience. Nous sommes très nombreux à partir en mer, le temps d’une balade côtière, voire pour un week-end. Et si nous ne sommes pas seuls sur le bateau, nous naviguons souvent en équipage réduit ou en famille. Et dans ce dernier cas, les manoeuvres se font souvent seul, le conjoint gardant un œil sur les enfants.

Alors, réfléchissons, ensemble, aux difficultés de la navigation en solitaire. Ces difficultés ne sont pas insurmontables. Elles demandent juste une organisation spécifique.

Quitter sa place de port lorsqu’on est seul sur le bateau

La première difficulté, lorsqu’on est seul sur un bateau, apparaît lorsque nous devons quitter le port. En effet, larguer l’ensemble des amarres et quitter sa place de bord, sans toucher le ponton ou le bateau voisin n’est pas toujours simple. Cela demande de bien connaître le comportement du bateau, surtout en marche arrière.

L’idée première est de bien préparer sa manœuvre, en larguant l’ensemble des amarres, sauf une garde, située au milieu du bateau. Cette dernière permettra de monter à bord du bateau et rejoindre la barre. Prenez le temps de bien observer la direction du vent et du courant. Une seule règle : Prendre son temps et rester. Et c’est bien évidemment la même chose lorsque vous devrez amarrer votre bateau, seul.

Si vous avez le choix, une place de port, sur bouée, est encore l’idéal. La manœuvre sera beaucoup plus simple. Mais ici, le danger est ailleurs : Le risque de chute à la mer est important lors du passage de l’annexe au bateau.

Les manoeuvres en solitaire, sur un voilier

plaisancier en solitaire
Ce plaisancier devra régulièrement quitter le cockpit pour faire ses manoeuvres

La deuxième difficulté, de la navigation en solitaire, intervient lors des manœuvres, en mer. Mais je ne pense pas être le seul à penser que les difficultés en mer, sont loin d’être aussi importantes qu’au port. Ici, la difficulté réside dans le fait que vous n’avez que deux mains et deux jambes. Vous ne pourrez pas être sur le pont, à l’avant du bateau, pour préparer un spi, et à la barre.

L’objectif est donc de faciliter les manœuvres. Il existe plusieurs solutions comme :

  • Avoir toutes les manœuvres qui reviennent au cockpit
  • S’équiper d’un enrouleur de génois, voire d’une chaussette à spi pour ce dernier.
  • Installer un stick de barre efficace et télescopique
  • S’équiper d’un pilote automatique
  • D’autres idées que vous mettrez en commentaire;)

Pensez aussi à bien organiser votre bateau pour tout avoir sous la main et éviter de descendre dans la cabine pour aller chercher quelque chose.

Anticiper le mauvais temps et les urgences

Une des grandes difficultés, qui m’a déjà mis en danger, est dans la capacité de réaction lorsque la météo se détériore, que vous risquez de naviguer dans le gros temps. En effet, en équipage, il n’est pas compliqué de prendre un ris ou d’enrouler le génois. Mais lorsque nous sommes seuls, les choses peuvent se compliquer. Il est donc très important d’anticiper ces changements météo. Il vaut mieux être sous-toilé et renvoyer de la toile si le vent faibli, que l’inverse. Les bons réflexes, à mon avis, sont :

  • De quitter le bord avec un ris, si on a un doute, que l’inverse
  • Préparer, à l’avance son spi, si nous devons faire du portant, ou éviter de le porter si le temps est limite
  • Anticiper la météo ( pluie, brouillard,…)

Avoir une main pour le bateau et une main pour soi

la dernière difficulté est plus un risque. En effet, par définition, en solitaire, vous êtes seul sur votre bateau. Cela signifie que si il vous arrive quelque chose, personne ne pourra vous aider rapidement. Alors, plus que dans toute autre situation, le fameux adage : « Une main pour soi et une main pour le bateau », est très important. Cela passe par quelques bonnes habitudes :

  • Prévenir un proche lorsque vous partez en mer
  • Portez toujours votre gilet de sauvetage
  • Soyez sanglés
  • Portez un smartphone sur vous, ou une VHF portable
  • Ayez bien à l’esprit les conseils ci-dessus

Avoir un équipement pour la navigation en solitaire

Enfin, lorsque vous partez en navigation, et que vous êtes seul à bord, certains équipements sont très pratiques en vous facilitant la vie et en sécurisant votre navigation. Plutôt que de tous les reprendre, je vous invite à lire l’article ci-dessous, très complet sur le sujet de l’équipement nécessaire pour une navigation en solitaire.

16 réflexions au sujet de “Quelles sont les difficultés d’une navigation en solitaire ?”

  1. Pour la manœuvre de départ du ponton, il est simple de larguer la garde, d’être équipé d’une bonne protection d’étrave ou de bumpers sur le ponton, et au moteur de mettre le bateau en appui, la barre coté opposé au catway. Ainsi, le bateau est calé devant et sur un côté; on peut alors prendre son temps pour larguer toutes les autres amarres pour appareiller en toute sérénité. Cette manœuvre peut être réalisée que l’on soit « cul à quai » ou bien étrave à quai. Pour le retour , il est plus simple de manœuvrer en marche arrière pour rejoindre sa place car seul on a une bonne vision de la distance qui nous sépare du ponton; il faut juste prévoir, si la place n’est pas équipée de bumpers, de barder le tableau arrière de parre-batages pour un appui efficace sur le ponton.

    • Effectivement, arriver en marche arrière, pour reprendre sa place au ponton est souvent beaucoup plus pratique qu’en marche avant !
      Sur Coriolis, je peux ouvrir le tableau arrière, ainsi il m’est très aisé de descendre du bateau directement sur le ponton et de l’amarrer par l’arrière !
      Je trouve cette manœuvre extrêmement pratique. Pour repartir c’est tout aussi facile ; je largue toutes les amarres sauf 1 à l’arrière (celle au vent) que je défais en dernier, je monte dans le bateau par le tableau arrière, il ne reste que enclencher la marche avant et c’est parti !

      • Humm … on vas dire ok sur un bateau récent, ou avec propulseur d’étrave.. mais
        …(pour les débutants): tenter ça sur un Dufour 35 par exemple, avant une bonne dizaine de manœuvres d’entrainement reviens à souhaiter ardemment rayer les voisins au passage!
        En vertu du pas d’hélice, sur les bateaux anciens, l’entrée dans une place en marche avant me semble largement plus facile!

  2. il est parfois très utile de s’aider d’un bout à l’arrière du bateau, lié au pout du catway pour s’aider à sortir en arrière, pour contrer le couple de l’hélice aussi du vent, facilitant ainsi la manoeuvre

  3. Slt.
    Ma principale crainte quand je navigue seul, (presque toujours) et qu’il y a une mer formée, c’est de tomber à l’eau lors de manoeuvres qui nécécitent de quitter le cockpit. J’ai vu qu il existe un system à interfacer avec le pilote qui va pousser la barre à fond pour que le bateau ne s’en aille pas tout seul. Un peu dangerzux pour le bateau mais intéressant !

  4. Vous n’avez pas évoquer dans vos chapitres la gestion du sommeil. Pendant 8 ans j’ai navigué la plupart du temps seul sur Aquila Régate (grand tirant d’eau et lest plomb) entre la bretagne sud l’Espagne et le Portugal. J’ai ramené le bateau en solitaire de Port-Camargue jusqu’au Crouesty, tout ce que vous avez évoqué est très interessant mais la fatigue arrive que faire.
    Pour ne pas être surpris la nuit par un coup de pompe(ou de barre) je dormais le jour le plus possible par tranche 3/4 1 heure si la visi était bonne , la nuit des tranches de 20 minutes maxi avec une visuelle de 5 minutes. En tenant compte de la vitesse du bateau environs 6 noeuds et celle d’un éventuel navire marchant à 13 KTS cela donne 6 miles de sécurité
    Lors d’une remontée du Portugal (Viana do Castello) je voulais faire escale à Bayona malheureusement le brouillard est tombé vers 10 heures du matin un peu avant les iles CIES et cela à duré 3 jours et nuits épuisé j’ai pu attérrir à Ribadéo ayant navigué au GPS entre les pêcheur et le rail du Cap Finistèré ,une expérience éprouvante rythmée par des somes de 15 minutes

    • Clairement, pour moi, le principal risque c’est la fatigue en effet. Quand tu tombes de sommeil, et que tu luttes, c’est dur! C’est souvent la première nuit qui est difficile, pour moi.

  5. Salut Ronan.
    Pour ma part, un pilote automatique même basique est indispensable. Cela permet de régler n’importe quel problème sur le bateau sans avoir le soucis de ce qu’il va faire quand on lâche la barre. Cette année, j’ai dû interrompre une sortie car ayant un problème de GV il m’était impossible de lâcher la barre sans qu’il parte en vrac même toutes voiles affalées, ceci à cause du courant.

  6. En amont, si les sorties sont majoritairement en solitaire, il est intéressant de choisir un voilier avec des winchs proches de la ou des barres a roue, afin de gérer directement et plus facilement depuis l’arrière du bateau les différentes écoutes!

  7. Bonjour à tou(te)s, est-ce qu’un bloqueur de barre peut-être un bon intermédiaire entre rien du tout et un pilote de barre franche ?

  8. Salut!
    Perso, je l’utilise le plus souvent, pour les manœuvres de mouillage notamment quand la mer n’est pas trop forte, et la zone pas trop encombrée, ça suffit en général.
    ..J’ajouterais, dans tous cas de figure, que la pratique régulière de la Slackline, qui développe la proprioception ( le sens du pied marin) m’aide énormément à ne pas partir à l’eau quand il faut courir du cockpit au pont avant et inversement, dans les situations délicates 🙂 Un Super Sport pour les Marins !

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