Forte activité au Chantier du Guip

Le Chantier du Guip vient au secours du patrimoine maritime français. Au vu de l’activité actuelle, il semble que la vieille plaisance ait encore de nombreux miles devant l’étrave.

Le chantier du Guip est né dans l’anse du Guip, au sud-est de l’Île-aux-Moines, il y a quarante ans.  Dés le début, le chantier se spécialise sur la construction et la rénovation des bateaux en bois et vieux gréements.  Au fil des années, le chantier du Guip grandit et s’installe sur deux autres sites : à Brest puis à Lorient.

Après 30 ans à la tête du site de l’Île-aux-Moines, Paul Bonnel se retire, remplacé par Frédéric Bouges. Dans le même temps, signe de la dynamique du chantier, 3 ou 4 charpentiers vont être embauchés, portant l’effectif à 8 ou 9 personnes. De nouveaux locaux, à l’architecture en harmonie avec la beauté des paysages du Golfe du Morbihan, doivent voir le jour, ainsi qu’une zone de carénage aux normes et un pont roulant électrique.

Le planning du chantier du Guip est bien rempli. En effet, en plus de 3 projets de construction de Guépards, petites plates à voiles du Golfe du Morbihan, le chantier doit travailler sur plusieurs restaurations. Les équipes seront, entre autres, sur la restauration du pont de la Belle de Vilaine, la chaloupe de Billiers, ainsi que celle de Yanika, sistership de Monk of Malham, sloop de course-croisière en bois de 1965 récemment classé Monument historique. Mais les deux plus gros chantiers sont ceux du Pen Duick et Séverine.

Reconstruction totale pour Pen Duick

Pen-Duick, le premier bateau d’Éric Tabarly, a été classé Monument historique en 2016. Cotre aurique dessiné enPen Duick en rénovation au chantier du Guip 1898 par William Fife Junior, il est sans conteste un emblème du patrimoine maritime et le voilier français le plus connu du grand public. Il doit cependant être totalement restauré, sous peine de ne plus naviguer.

La première restauration de Pen-Duick est due à Éric Tabarly lui-même, qui avait décidé en 1958 de mouler une coque neuve en appliquant des couches successives de tissu de verre et de résine polyester sur l’ancienne coque retournée, en plein air, à La Trinité-sur-Mer. Puis les charpentiers du chantier Costantini avaient entièrement vidé et reconstruit l’intérieur du bateau : membrures, varangues, barrotage, aménagements…

La restauration actuelle a commencé au Chantier du Guip à Brest, qui travaille en liaison avec le chantier de Keroman pour la partie polyester. Le défi est important car le parti-pris est de respecter la démarche technique d’Éric Tabarly, tout en utilisant les moyens modernes de construction et les matériaux actuels.

Il faut travailler par tranches : raboter l’intérieur et l’extérieur de la coque, déposer les membrures et les varangues une par une, restratifier intérieur et extérieur en se servant de l’ancien polyester comme d’une âme, puis remettre en place chaque nouvelle membrure (en lamellé-collé de frêne) et chaque varangue. Pour cela, il est nécessaire d’ouvrir le pont après avoir déposé plat-bord et préceinte…

La nouvelle vie de Séverine

Réplique de Kinkajou, dessiné en 1927 par John G. Alden, Séverine (ex-Saint Salomon) est une goélette en aluminium de 18,80 m hors-tout, construite en 1993. Le propriétaire espagnol avait confié son bateau au chantier du Guip pour une importante restauration : reprise de la coque corrodée, aménagement intérieur, gréement, réfection complète du pont et changement de toute la technique embarquée.

Jusqu’alors, le pont en teck était fixé directement sur le pont en aluminium, ce qui a occasionné des problèmes de corrosion. Il a donc fallu refaire le barrotage en aluminium, sur lequel désormais repose un pont en contreplaqué marine recouvert de bordés de pont en teck.

Ajoutons tous les aménagements neufs, les roufs, le gréement et les ferrures restaurés : au terme d’un an et demi de travaux, c’est une goélette quasi neuve, correspondant au programme de son propriétaire, qui a repris la mer.
Remis à l’eau en juillet, le bateau est aujourd’hui à Santander où son propriétaire se prépare à un tour du monde en famille.

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