Les manœuvres au moteur, en voilier

Lors d’une navigation, en croisière, les manœuvres les plus compliquées sont sans doute les manœuvres au moteur, au port. Avec une bonne connaissance de bateau, de l’expérience et quelques astuces, il est possible de s’éviter le stress de ces manœuvres au moteur.

Que le plaisancier qui n’a jamais loupé une manœuvre de port lève la main ! Nous ne devrions pas être très nombreux. Nous avons tous connu cette situation. Nous quittons le quai ou le catway, le bateau ne se met pas dans l’axe que nous souhaitons et il part en crabe. On sort alors la gaffe avec précipitation et on pousse les voisins comme nous pouvons. On stresse, on s’énerve et nous devenons le centre d’attention des pontons.

Autre situation, j’ai connu un bateau, le premier voilier que nous avons eu avec mon père, un baroudeur de chez Bénéteau. Il était si peu manœuvrant au moteur, en marche arrière, que nous étions obligés, une fois sur deux, de remonter tous les catways en marche arrière. Impossible de le faire virer sur bâbord.

Ces situations, nous les avons vécues, nous les avons vues. Pourtant, il est possible de s’en sortir avec quelques précautions et bonnes habitudes, en plus d’une bonne connaissance du bateau. Voyons cela ensemble.

Anticiper les réactions de son voilier au moteur

La première chose à savoir est que chaque bateau a un comportement différent. Suivant le type de lest, sa position ainsi que celle de l’hélice, les voiliers vont être plus ou moins réactifs, à la barre, au moteur. Concrètement, les manœuvres au moteur seront bien plus simples sur un quillard, surtout si celui-ci fait plus de 8 mètres, que sur un voilier à quille longue, voire un dériveur. Et un bateau avec un moteur hors-bord sera moins manœuvrant qu’un voilier avec un moteur In-bord. De plus, une hélice placée devant le safran est plus efficace qu’une hélice placée à côté, voire derrière celui-ci.

Enfin, une hélice située au plus près du centre de dérive sera plus efficace que située à l’arrière du bateau.

Dans tous les cas, l’hélice aura toujours une incidence sur la capacité du bateau à tenir sa route. En effet, la rotation de cette dernière aura tendance à pousser l’arrière du bateau, et donc le déstabiliser.

Vous devez donc apprendre à connaître le comportement de votre bateau. Et pour cela, il n’y a que la pratique. Apprenez à écouter votre bateau, à anticiper son comportement. Certains pourront attendre le dernier moment pour se placer entre les bateaux, sur un catway, alors que d’autres devront commencer à virer deux mètres avant. Alors allez-vous entraîner en mer, autour d’une bouée. Il n’y a que les imbéciles qui se moqueront.

Enfin, certains bateaux devront avoir de la vitesse pour être manœuvrant alors que d’autres pourront presque rester en stand-by et, avec un bref coup de moteur, être réactif à la barre.

L’incidence du vent et du courant

voilier au port

Au moteur, les manœuvres dépendent aussi de facteurs extérieurs. Ces facteurs sont le vent et les courants.

L’incidence des courants sur les manœuvres au moteur

Les plaisanciers ayant leur bateau à sainte-Marine ou Bénodet, dans le Finistère savent de quoi je parle. Il est fréquent d’arriver dans l’Odet et de voir, devant vous, des bateaux effectuant de drôles de manœuvres pour, tout simplement, prendre leur place sur ponton.

Le courant va avoir deux incidences :

  • Il peut accélérer ou ralentir la vitesse du bateau, quand il est dans ‘axe de celui-ci.
  • Il peut pousse le bateau de travers, si le courant vient de côté.

Vous devez donc anticiper vos manoeuvres au moteur en fonction du courant. Le meilleur conseil est de prendre son temps, et de voir large. L’idée est d’arriver doucement pour observer le comportement du bateau. Lorsque vous avez une vision précise de l’incidence du courant sur la manœuvre, vous pourrez faire demi-tour et refaire votre manœuvre avec anticipation. Il m’arrive de le faire, de temps en temps, dans des zones à courant des rias bretonnes.

L’idéal est de faire en sorte d’avoir le plus longtemps possible le courant dans l’axe du bateau afin de rester manœuvrant. Même si le courant vous pousse, vous pourrez ralentir en mettant la marche arrière.

L’incidence du vent sur les manœuvres au moteur

Pour ceux qui n’ont pas ou très peu e courant sur leur plan d’eau, vous n’échapperez pas au vent. Là encore, tous les bateaux ne sont pas logés à la même enseigne. Les dériveurs et voiliers avec beaucoup de fardage seront plus sensibles au vent que les voiliers bas sur l’eau, à fort tirant d’eau.

L’objectif, ici, est de bien anticiper l’incidence du vent sur la manœuvre. Le premier réflexe à avoir est de regarder la direction des pavillons sur les bateaux. Les ports de plaisance peuvent parfois subir des courants d’air, et le vent ne sera pas le même aux deux extrémités du port.

Si le vent est dans l’axe du bateau, c’est simple. S’il vous pousse dans le catway, vous mettez légèrement la marche arrière avant de larguer toutes les amarres. Ensuite vous devrez prendre large avant de virer et mettre le bateau en travers du vent.

Si le vent est perpendiculaire au bateau sur le catway, vous devrez alors protéger les bateaux voisins. Vous devez rester parallèle à ces derniers le plus longtemps possible et virer uniquement au dernier moment.

Comment manœuvrer son bateau en marche arrière ?

Les manœuvres au moteur sont souvent plus compliquées en marche arrière. C’est assez logique, ce n’est pas la manoeuvre naturelle du bateau. Sa carène est prévue pur aller vers l’avant, pas vers l’arrière.

Dans le même temps, le sens de rotation de l’hélice, généralement vers la droite en marche avant, se fera vers la gauche. Ce sens de rotation peut avoir une incidence sur la capacité du bateau à reculer droit. On dit qu’il dérape ( généralement sur tribord). Prenez ce comportement en considération lors de vos manœuvres.

C’est donc lors des marche arrière que les difficultés viennent.

Pour que le voilier soit manœuvrant, il doit avoir de la vitesse. Vous ne devez pas avoir peur de mettre les gaz, en marche arrière. Pour ne rien arranger, l’hélice se retrouve derrière le safran, en marche arrière. Si vous braquez le safran trop vite, ce dernier va bloquer les flux créés par l’hélice. Vous ne serez alors pas manœuvrant. Vous devez donc garder la barre dans l’axe le temps d’avoir pris la vitesse nécessaire pour être manœuvrant.

9 réflexions au sujet de “Les manœuvres au moteur, en voilier”

  1. Un conseil supplémentaire qui n’est peut-être pas superflu et qui est susceptible d’épargner des moments de solitude : c’est de s’assurer du bon fonctionnement de l’inverseur lorsque l’on est encore amarré au ponton ou au catway.
    Un petit coup en avant, puis revenir au point mort, avant le battre doucement en arrière pour vérifier la bonne prise de l’inverseur est une bonne idée. On est comme ça rassuré sur le fait que le bateau réagira bien le moment venu. Expérience faite c’est détestable de se retrouver toutes amarres larguées avec un inverseur qui patine lorsque le vent et le courant vous pousse en travers et vous drosse sur les bateaux voisins.

    • Bonjour Olivier,
      Tu as complètement raison. Excellent conseil. Cela m’est aussi arrivé une fois, et tu ne fais pas le malin. Merci pour ce rappel te conseil précieux.

    • Oui exactement ! Au Crouesty, surement trop confiant et habitué à mon bateau et en plus j avais anticipé d utiliser le vent qui allait me déporter et me sortir naturellement de ma place (j étais à couple) , je largue les amarres, et horreur, ma manette de gaz qui répond plus, ni avant ni arrière… Heureusement que le gars du port était pas loin sur son zod…. Tout ça pour la petite goupille qui tient l axe des cables au niveau de la commande des gaz, et qui s était cassé….depuis c est mon rituel d actionner MaV puis MaR pour vérifier avant de larguer les amarres…

  2. Petit Rappel pour les marches Arrieres: La plupart des helices a mise en drapeau (J-Prop, Max – Prop) ont un fonctionnement quasi symetrique entre marche AV-AR vu que chaque pale se retourne de 180 deg et conserve ainsi un profil adapte (hormis le twist). Le resultat est bleuffant : propulsion en AR quasi identique et ripage du au pas de l’helice quasi nul.

    Elles sont cheres, mais c’est un point a avoir en tete si on doit changer d’helice.

    Je parle des mises en drapeaux et non pas des pliantes (Bec de Canard, Volvo ..etc..) qui elles sont presque toutes catastrophiques en AR

  3. Très bon article, on s’y voit tant c’est bien écrit et reflétant la réalité. S’entraîner et tout anticiper sont les mots clés.
    Bien à vous.

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