Le bilan de la mission microplastiques de la goelette Tara

La goelette Tara a effectué une mission de 6 mois sur les fleuves d’Europe, aux origines de la pollution plastique.

La goélette scientifique Tara a parcouru les 4 façades maritimes européennes, de mai à novembre 2019. Les scientifiques ont prélevé des échantillons dans 9 des principaux fleuves d’Europe. cette mission est la première dédiée à la pollution plastique des fleuves réalisée à l’échelle européenne.

Depuis 2010, l’équipage du voilier tara ne reste pas sur son siège bateau. La goélette Tara prélève des microplastiques (de 0,2 à 5 mm de diamètre) dans ses filets à l’occasion de ses différentes expéditions. Et du plastique, il y en a… La nouvelle mission de la goélette Tara est d’identifier les sources, prédire le devenir et évaluer l’impact des plastiques de la terre vers la mer.

Les microplastiques, la pollution invisible

Si de nombreuses études en Europe et dans le monde permettent déjà de caractériser les flux de déchets en milieux aquatiques (eaux de mer, eaux littorales, eaux de transition comme les estuaires et lagunes, fleuves), elles se concentrent le plus souvent sur les macrodéchets (> 2 cm). Ces déchets se retrouvent, parfois sur nos côtes, mais souvent en plein milieu de l’océan.

Si nettoyer les plages est une solution, et importante, les solutions pour nettoyer de grosses quantités de plastiques, en plein milieu de l’océan est une autre histoire. Et ces déchets se dégradent.
Issus de la dégradation de ces macrodéchets plastiques, les microplastiques ont de nombreuses interactions avec les organismes marins : dispersion d’espèces potentiellement invasives ou pathogènes fixées sur les plastiques, accumulation de produits toxiques dans la chaîne alimentaire, etc.

La pollution des océans vient de l’amont

Le klaxon bateau a donc sonné pour lancer cette nouvelle mission. Le but de cette mission, pour la goélette Tara,était donc de mener une nouvelle enquête pour tenter d’identifier l’origine terrestre des matières plastiques retrouvées en mer. Biologistes marins, écotoxicologues, océanographes, modélisateurs, chimistes et physiciens ont composer une équipe interdisciplinaire d’une quarantaine de scientifiques au sein de cette mission.

Goelette Tara
©S.Bollet-Tara Expeditions_Expédition Tara Oceans

L’observation principale est que 100 % des prélèvements d’eau effectués dans les 9 fleuves européens contenaient des microplastiques. La première pollution plastique est constituée de microbilles présentes dans certains cosmétiques, dans les dentifrices, etc. Mais également une forte proportion, visible à l’oeil nu, de fragments appelés microplastiques secondaires, issus de la fragmentation des plastiques due notamment aux rayons du soleil.

échantillon microplastique Tara
Echantillons sur la Tamise © Noëlie Pansiot / Fondation Tara Océan

Inférieurs à 5 mm, ces microplastiques représenteraient plus de 90 % des 5000 milliards de morceaux de plastiques flottant à la surface de nos océans.

« Cette première observation apporte un nouvel éclairage à notre vision de la pollution plastique en mer. Nous avons longtemps pensé que la transformation des plastiques en microplastiques se produisait en mer, sous l’effet du soleil et des vagues. Or, le processus semble bien se produire également dans les fleuves et leurs bassins versants. Les recherches qui débutent dans les 17 laboratoires partenaires permettront d’ici quelque temps de mieux comprendre les phénomènes de fragmentation du plastique, de quantifier ce qui vient des fleuves et d’évaluer la nature des plastiques pour pouvoir orienter les mesures à prendre ».

Jean-François Ghiglione, CNRS, directeur scientifique de la mission.

5 mesures urgentes à prendre

  • Améliorer considérablement la collecte et le recyclage des déchets par exemple via la consigne des emballages de boissons
  • Réduire drastiquement les plastiques jetables, à usage unique tels que les emballages
  • Réduire le nombre de résines et la complexité des additifs utilisés dans la fabrication  des objets en plastique
  • Développer des emballages écoconçus pour les substituer aux matériaux problématiques comme le polystyrène expansé
  • Adopter des lois fixant un calendrier de réduction à la source de tout type d’emballages jetables, en cohérence avec les directives européennes.

En attendant, prenez soin, vous aussi, de l’environnement lors de vos escales, ou en mer.

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