Y a-t-il trop de places de port ?

La disponibilité et le nombre de places de port, en France, est un problème qui pollue le marché de la plaisance depuis de longues années. Et pourtant, le nombre de places de port est-il réellement insuffisant ?

On entend souvent dire que le marché de la plaisance, en France, est freiné par le nombre de places de port. Il est vrai que trouver une place de port, avant d’acheter un bateau, est une véritable épreuve du combattant. Epreuve qui restera, souvent, un échec. Les ports de plaisance ont donc mis en place des systèmes pour palier cette situation, notamment des listes d’attente. Cependant, le temps d’attente moyen est de 5 ans dans les ports de plaisance français. Ce délai pouvant être beaucoup plus long dans certaines régions comme le sud de la France ou la Bretagne.

Des solutions pour pallier au manque de place de port

Avant de continuer, oubliez tout de suite les fausses solutions d' »acheter le bateau avec la place de port » ou  » la sous-location ». Les gestionnaires de ports ne vont pas apprécier. Les mouillages associatifs sont soumis aux même règles. Les plaisanciers sont propriétaires du mouillage, pas de l’emplacement. Vous êtes sur le domaine maritime.

De leurs côtés, les ports de plaisance, qu’ils soient privés, communaux ou liés à des syndicats mixtes, ont tous essayé de trouver des alternatives. Les places de port à sec sont les plus fréquentes. Elles permettent de gagner de l’espace, en stockant les bateaux à terre. Les bateaux à moteurs pouvant être stockés sur des racks, les uns sur les autres. Pour les plaisanciers, cette solution représente un gain de coût, concernant la place de port, et un entretien facilité.

D’autres alternatives sont encore beaucoup plus innovantes. La Compagnie des Ports du Morbihan, par exemple, est allée très loin pour faire vivre son parc de places de port. En effet, elle propose différents contrats incluant la mobilité de votre bateau. Votre contrat peut prévoir que votre bateau soit à sec une partie de l’année, puis à flot dans un ou deux ports différents. Dans le même temps, ses contrats offrent aux plaisanciers titulaires, des nuitées dans des ports partenaires, lors de leurs escales en croisière. Il s’agit du Passeport Escale. L’idée est d’encourager les plaisanciers à utiliser leurs bateaux et d’anticiper leurs sorties. Le but étant de connaitre les places libérées et de les rendre disponibles pour d’autres plaisanciers. Une solution bénéfique pour tout le monde.

port de plaisance

Les plaisanciers changent leurs habitudes

Si le nombre de places de port est limité, qu’en est il des achats de bateaux?

Le marché de la plaisance a connu un gros trou d’air ces dernières années. Le nombre d’immatriculations de bateaux neufs a chuté de 50% depuis 2007, pour s’établir à près de 13.000 bateaux vendus. Ces chiffres concernent tout les types de bateaux, du voilier au bateau à moteur en passant par le semi-rigide et le dériveur de sport. Le marché de l’occasion, lui, reste stable, avec près de 60.000 transactions par an. Dans le même temps, on observe que le nombre de permis bateaux délivrés est en progression constante. On pourrait donc penser que l’embouteillage de bateau ne va pas s’arrêter et que les places de ports vont être de plus en plus difficiles à trouver.

Cependant, la dernière synthèse des chiffres de la plaisance, éditée par la direction des affaires maritimes (1) nous apprend beaucoup plus de choses. En effet, il apparaît que sur l’année 2018, près de 80% des nouvelles immatriculations concernent des bateaux à moteur. Dans le même temps, 60% des bateaux immatriculés mesurent moins de 6 mètres, et 80% moins de 7 mètres. Les chiffrent du marché de l’occasion sont plus ou moins les mêmes.

Il apparait donc que le marché du bateau de plaisance est constitué, et se concentre, de plus en plus, sur des bateaux à moteur de moins de 6 mètres. Ces bateaux sont, en général transportables et utilisés quelques semaines dans l’année. Nous mettrons de côté les quelques plaisanciers locaux qui naviguent plus souvent, les pécheurs plaisanciers et les régatiers qui se déplacent beaucoup.

Des ports de plaisance, pour quels bateaux et quelle utilisation ?

Nous voyons donc que de plus en plus de plaisanciers se tournent vers le petit bateau transportable. Si la question du coût est évidemment une des principales raisons de l’achat de ces bateaux, le côté transportable est forcément un motif d’achat. Et un bateau transportable a-t-il besoin d’une place de port, à flot et à l’année ? La réponse est bien évidemment non.

Dans le même temps, il apparait qu’une grande partie des acheteurs de bateaux sont des retraités. La pratique de ces plaisanciers est bien différente d’il y a 15 ou 20 ans. Et, avec tout le respect que je dois aux retraités, on peut penser que ces plaisanciers ne navigueront pas tous dans 20 ans. 20 ans, c’est un temps long pour l’homme. Mais 20 ans, est-ce un temps raisonnable pour un investissement ? La question doit se poser.

On peut légitiment penser que de plus en plus de places de ports vont se libérer dans les années à venir. Preuve en est, les listes d’attente, dans certains ports, commencent à se raccourcir.

Alors, est-il financièrement justifié d’investir des millions dans des infrastructures qui ne serviront plus dans quelques années ? Est-il nécessaire d’investir dans des travaux à impact écologique conséquent pour des structures dépassées et non rentables dans 10 ou 15 ans ?

La question se pose, aujourd’hui. Alors que des ports de plaisance sont encore en projet dans des bureaux d’études, voire sortent encore de terre, ne devrions nous pas nous concentrer sur la modernisation des infrastructures existantes ? Est il souhaitable de voir des pontons flotter en plein milieu de zones non urbaines, ou à l’écart des ports existants ?

Au risque de faire râler de nombreux futurs plaisanciers ou acteurs de la plaisance, il est urgent de repenser notre parc de places de port pour le rendre plus fluide. L’exemple de la Compagnie des Ports du Morbihan me semble une piste encourageante. Ne plus louer sa place de port mais s‘abonner à une mise à disposition, permettrait de faire la transition vers de futures années ou les places seront trop nombreuses.

12 réflexions au sujet de “Y a-t-il trop de places de port ?”

  1. Bonjour,
    Je lis régulièrement vos articles et y trouve parfois quelques scories.
    Ici, il s’agit du verbe « pallier » ; on ne pas pallie pas à, mais on pallie quelque chose.
    Bien à vous,
    JMC

  2. Merci Ronan, votre site est une mine d’informations très intéressantes.
    Si vous avez des infos sur une place de port en Bretagne pour un catamaran à acheter, je suis intéressé, horizon printemps 2023.
    Bonne continuation.
    Christophe.

    • Bonjour Christophe, et merci pour le retour.
      Pour un catamaran, je penserais à Lorient, Brest ou encore Concarneau. Sinon Arzal. Je ne dis pas que des places sont disponibles mais qu’ils sont capables d’en recevoir plusieurs en même temps. Ce qui est un plus pour une place.

      • Bonjour je cherche une place de bateau pour éventuellement m en servir de air bnp es ce possible à rosace en Espagne pour un 14 x 7 moteur car en France cela n est pas autorisé? Merci de votre retour

  3. Bonjour Roland, et merci pour l’article.
    En Bretagne Sud, pour un voilier de 8,40 mètres (28 pieds), vous chercheriez où?
    Nicolas

  4. Bon article. Je suis nouveau dans le monde des bateaux de plaisance, si vous avez des conseils concernant des places de port ou des solutions sur terre au Lavandou ou proche Lavandou, je suis preneur. Merci d’avance. Francois

  5. Hé oui un vrai changement demographique ! Et même sur la côte d’Azur il semble que les fins d’amodiations se profilent dès 2025… Le problème c’est que ces investissements gigantesques de création de places sont basés sur des données anciennes, et sur des conventions signées 10 ou 15 ans avant le début des travaux…
    Il semble difficile aux hiérarques du BTP et aux élus de reculer sur des engagements obsolètes et fondés sur la promesse fallacieuse « 10 places de port c’est un emploi local de créé ». Il est temps de gérer les places existantes comme le stationnement urbain : une chose rare et un bien commun.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.