Abers et Rias, à la découverte de la Bretagne entre terre et mer

Evoquer la mer et la Bretagne, c’est s’imaginer de longues plages de sable ou des embruns sur les rochers. Pourtant, les côtes de la péninsule Armoricaine cachent des trésors naturels qui offrent de magnifiques spectacles aux plaisanciers sachant s’aventurer dans les rivières, abers et rias de Bretagne.

La Bretagne est la région française qui possède le plus de kilomètres de littoral. Le trait de côte, de cette région pas comme les autres, est en effet très découpé. Le rivage breton offre une immense variété de paysages et d’escales différentes pour les plaisanciers. Entre les longues plages des alentours de Lorient ou de la Baie D’Audierne, et les côtes sauvages de Quiberon ou de la Pointe Sainte Mathieu, se cachent d’autres petits trésors.Il s’agit des rias et des abers. Au delà des petits ports de pêche typiques de Bretagne, il est possible de s’enfoncer dans les terres en naviguant sur les rivières de Bretagne, au gré des courants des marées et du rythme de la campagne.

Abers et rias de Bretagne: Quand la mer rencontre les terres

Quand je parle de naviguer sur les rivières de Bretagne, je ne parle pas de navigation fluviale, ou pas que… Quand vous naviguez le long des côtes bretonnes, vous vous rendez compte que, régulièrement, la mer vient s’enfoncer dans les terres. Parfois, la géographie lui permet de remonter très loin, sur plusieurs kilomètres. C’est là que naissent les rias, en Bretagne Sud, et les abers, au nord de Brest.

Quelles différences entre les abers et les rias?

On retrouve le terme Rias sur la côte sud de la Bretagne. Ce terme est aussi utilisé en galice, dans le nord de l’Espagne. Le terme aber, lui, est utilisé au nord de la Bretagne. Ce terme est aussi utilisé au Pays de Galles et en Ecosse.

La navigation, dans ces rivières, n’est pas une navigation fluviale. Vous naviguez sur de l’eau salée, avec des marées. Il s’agit d’estuaires en eau profonde. Bien évidemment, la navigation à la voile ne sera pas toujours très simple, mais découvrir cette ambiance tellement différente, le temps d’une journée ou deux, ne peut laisser insensible les amoureux de la mer que nous sommes. Et ce sera encore plus le cas lorsque le temps commence à se gâter. Ce qui arrive rarement en Bretagne…

Pourquoi s’enfoncer dans les rivières bretonnes ?

Dinan
Dinan

Comme je le disais plus haut, ces rias et abers permettent de remonter dans les terres. En naviguant sur ces rivières, vous irez à la rencontre de la Bretagne intérieure, enfin un peu. Remonter la Rance jusqu’à Dinan, c’est découvrir un monde ou la plaisance n’est pas un secteur d’activité primordial. Vous pourrez découvrir des endroits, et des gens, ou tout ne tourne pas autour du nautisme. Et cela change beaucoup de choses en escale. Dans le même temps, une croisière sur ces rivières laisse des souvenirs à de nombreux plaisanciers à la recherche de calme, de verdure et d’une autre ambiance. Le bleu fait place au vert des champs et au jaune des ajoncs.

Ces rias étaient, fut un temps, d’excellentes opportunités pour acheminer les marchandises vers des ports situés plus dans les terres. Elles ont fait la richesse de ces places commerciales, bien plus que les ports côtiers. C’est le cas de Treguier, dans les Côtes-d’Armor ou de Saint Goustan, au fond du Golfe du Morbihan. Ces ports ont gardé de cette belle époque de magnifiques demeures et un véritable décor de film.

Enfin, naviguer sur ces rivières permet de naviguer en découvrant une nouvelle faune et une nouvelle flore. Vous naviguez entre les champs,au son des cloches des clochés et des oiseaux.

Les plus belles rivières navigables de Bretagne

J’entends déjà certains d’entre vous me dire «  mais il en manque », « tu as oublié La Ria d’Etel !!! » , « et l’Aber Ildut ? ». sans parler de la Laïta, du Penzé, de la rivière du Légué ou de l’Aulne. Alors oui, je ne les ai pas toutes nommées. Tout d’abord, je ne les connais pas toutes. Ensuite, je vous présente, ci-dessous, les rivières qui vous permettent de vraiment remonter dans les terres, avec plusieurs milles de navigation. Vous verrez, sur une carte, que ces rivières vont réellement vous faire naviguer entre les champs, au son des oiseaux et des clochers.

Remonter la Vilaine jusqu’à Redon

La Vilaine est la plus grande rivière de Bretagne. Son estuaire est aussi le plus vaste. Fermée par le barrage d’Arzal, vous pourrez naviguer sur la rivière après avoir passé l’écluse. Vous pourrez alors découvrir une magnifique vallée, très vallonnée. Si le port de plaisance d’Arzal ne donne pas envie de s’y arrêter, vous y trouverez tous les pros et services nécessaires pour une escale technique.

Par la suite vous pourrez remonter la rivière en faisant une première escale à La Roche Bernard, un des plus beaux villages, et une des plus belles escales de Bretagne. Vous aurez l’impression de faire une halte sur les bords d’un lac. Par la suite, vous pourrez admirer de magnifiques paysages en remontant jusqu’à Redon. Là vous pourrez vous amarrer entre voiliers de voyage et péniches de rivière. Vous ne pourrez pas remonter plus loin avec votre mât. Ici, la Vilaine deviendra fluviale et vous emmènera vers Saint Malo ou le Canal de Nantes à Brest.

La rivière d’Auray, au fond du Golfe

Saint Goustan
Saint Goustan

La rivière d’Auray est sans aucun doute la rivière de mon enfance. J’y ai appris à naviguer. Cachée au fond du Golfe du Morbihan, dans la Baie de Quiberon, la rivière remonte jusqu’au magnifique port de Saint Goustan. Aussi beau qu’historique, ce port a vu de nombreuses personnalités mettre le pied-à-terre comme Benjamin Franklin pour demander l’aide des français lors de la guerre d’indépendance.

Aujourd’hui, vous pourrez y manger des crêpes et des fruits de mer sur les terrasses du port et, le lundi, faire vos courses dans un des meilleurs marchés de Bretagne. N’oubliez pas de vous arrêter au port du Bono, et de vous laisser entraîner par le courant entre Port Blanc et la Pointe de Kerisper. Et surtout, n’allez pas plus vite pour en profiter un maximum.

La ria d’Etel, une des plus belle escale de Bretagne Sud

La ria d’Etel, et le Port d’Etel est un port de tradition maritime. Les thoniers ont été nombreux ici, et l’ambiance, sur les quais et dans les bistrots est encore là. L’accès à cette magnifique rivière se mérite. A l’entrée de cette petite mer, la barre d’Etel est réputée pour être dangereuse si passée au mauvais moment. Une veille, à l’entrée de la ria vous guide pour éviter la barre et les bancs de sable. La Ria d’Etel est clairement une des plus belles, sinon la plus belle de Bretagne Sud.

Dans le même temps, Le port est situé dans le courant de la Ria, assez puissant, il faut donc faire attention aux manoeuvres. Enfin, le dériveur est ici indispensable pour profiter, au mieux, des magnifiques paysages de la rivière.

L’Aven et le Belon, au pays des rias

Le belon
Le Belon

Je cite les deux rivières, l’Aven et le Belon, ensemble, tellement elles sont associées à mes yeux. En plus, je n’arrive pas à choisir entre les deux. Ces rias sont les plus belles du Finistère, j’ose le dire. Vous naviguerez, ici, entre les pins, perchés sur les falaises, et de petites plages isolées n’attendant que votre annexe pour l’après-midi.

Vous pourrez vous arrêter, au Port du Belon, côté Belon ou à Rosbras, sur l’Aven pour y boire un verre de blanc et y manger des fruits de mer. Pour ceux qui auront choisi l’Aven et qui naviguent sur des dériveurs, remontez jusqu’à Pont Aven, la cité de Gauguin. Vous pourrez visiter, de très nombreuses galeries d’art.

L’Odet, la belle bourgeoise

L'Odet
L’Odet

Avant de vous élancer vers la Baie d’Audierne, vous pourrez faire une escale en Cornouaille et remonter l’Odet. L’Odet, la plus belle rivière de France pour certains. Il faut reconnaître que cette bourgeoise sait se faire discrète et offrir ce qu’elle a de plus beau à qui ose aller plus loin que Bénodet et le magnifique port de Sainte Marine.

L’Odet est sans doute l’escale la plus prisée des anglais. Vous naviguerez entre les bois, les manoirs et châteaux qui se découvriront à vous au détour des courbes de la rivière. Vous ne pourrez malheureusement pas remonter jusqu’au centre de Quimper. Mais la capitale de Cornouaille mérite un coup d’annexe ou de kayak. Vous pourrez découvrir la cité du roi Gradlon et les légendes de la région.

L’aber Wrac’h, la légende

Pour ceux qui iront découvrir la rade de Brest, je vous conseille de vous enfoncer dans l’Aulne, jusqu’à Port Launay ( dériveur indispensable). Pour les autres, nous remontrons jusqu’à l’Aber Wrac’k. Les Abers signifient que nous sommes passés au nord de Brest.

L’aber Wrac’h est devenu une légende de par sa beauté sauvage. Pas une année ou la fameuse course du Tour Du Finistère ne s’y arrête pas. L’aber est protégé par de nombreux rochers. Arrivés dans l’estuaire, vous naviguerez entre plages de sable fin, bruyères et champs. On y retrouve une ambiance unique.

La rivière de Morlaix et ses stars de la voile

Morlaix
Morlaix

Quand on évoque la rivière de Morlaix, on sait que nous sommes arrivés dans la Manche. Passé l’Île de Batz, vous pourrez vous enfoncer dans la rivière, destination le port de la petite cité, au pied de l’immense pont.

Il y a un esprit de la course au large ici. La ville ne compte plus ses marins d’exceptions : Armel le Cléac’h, Jeremy Beyou, Nicolas Troussel, Damien Cloarec. Son club de voile est un des plus réputés.

Le Jaudy et le Trieux

Treguier

Tout comme leurs sœurs du Bretagne Sud, le Jaudy et le Trieux sont indissociables l’une de l’autre. Vous êtes ici dans le Trégor. Je vous invite a regarder la carte et vous découvrirez une carte ou les terres se cachent dans la mer et vice-versa.

Les roches et bancs de sable, comme le sillon de Talbert devront être surveillés de près en navigation. Mais la récompense sera là avec le port de Treguier qui laisse deviner sa richesse passée et lezardrieux. Deux magnifiques rivières à l’abri des coups de vent.

La Rance, la malouine indomptable

Estuaire de la Rance
Tour Solidor

Enfin, nous terminons ce tour de Bretagne par la Rance. En passant Saint Malo, vous vous dirigerez vers la Rance, en passant l’écluse du barrage du même nom. Passée cette dernière, vous accéderez à des eaux paisibles dans un décor de rêve. Vous pourrez faire escale à Saint Sulniac ou choisir de mouiller dans une petite crique, à l’abri des arbres.

Attention cependant, ce n’est pas parce qu’il y a un barrage qu’il n’y a pas de marées. Vérifier les conditions de navigation et prenez garde aux courants. Quoi qu’il en soit, ne quittez pas la Rance sans être allé jusqu’à la cité médiévale de Dinan.

Pour résumer, ces rivières sont idéales pour découvrir la Bretagne au-delà de ses stations balnéaires et de ses marinas ( qui sont très agréables quand même). Elles permettent aux plaisanciers, en plus, de naviguer quand le temps n’est pas idéal pour prendre la mer. Alors pourquoi se priver de se plaisir ?

8 réflexions au sujet de “Abers et Rias, à la découverte de la Bretagne entre terre et mer”

  1. rès bel article et belles aventures sur les rivières, véritable havre de paix, en 2014 lors d’un séjour de 2 mois en France, nous avons navigué un peut partout et entre autre remonté avec des amis la rivière Aven jusqu’à Pont Aven et ce fut vraiment une expérience inoubliable. De notre côté, nous avons au Québec un Westerly Centaur modifié bi-quilles qui nous a aussi permis plusieurs belles aventures en eau peut profonde. Voir ici:

    https://tribull1.com/Images/2014-09-13_-_55.JPG
    https://tribull1.com/MOUILLAGES_PRECEDENTS.html
    https://tribull1.com/2014-09-11-Trevignon-Tregun.html

  2. Bonjour Ronan,
    Bien entendu, difficile de faire l’apologie de toutes les rivières de Bretagne mais la remontée du Blavet jusqu’à Hennebont au départ de Lorient (avec la marée), vaut le détour, dépaysement garanti. On traverse le cimetière de bateaux après le pont du bonhomme pour arriver à Hennebont, où se trouve un pôle nautique que l’on ne soupçonnerait pas à l’intérieur des terres.

    • Bonjour Eric, tu as raison de mentionner Le Blavet. Ma femmes vient d’ailleurs de me faire les gros yeux, elle native de Languidic… Et oui, traverser la Rade de Lorient pour venir s’enfoncer vers Hennebont est une excellente virée…

  3. Bonjour Ronan,
    Concernant le Belon, c’est Belon (rive droite) pour acheter ou déguster des huitres, en face c’est Belon rive gauche :-). Concernant l’Aven, il y a Kerdruc (rive droite) et Rosbras (rive gauche).
    Bon vent !

  4. Juste avant Quimper, au Corniguel se trouve un ponton récemment mis en place pour les vedettes-passagers, mais, semble-t-il utilisé que du 15 juin au 15 septembre…Ensuite, débarquer, puis monter la route jusqu’au plat et descendre à droite au niveau d’une lisse bois jusqu’au début du chemin de halage très bien remis en état, jusqu’à la ville. Evidemment c’est plus facile en vélo, même pliant !

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