Les voiliers en aluminium, Tout une philosophie de la mer

Les voiliers en aluminium ont fait rêver des générations entières de marins, plaisanciers et aventuriers. Ces bateaux sont devenus des symboles du bateau de voyage. Quelle est l’histoire de ces voiliers et quels chantiers, aujourd’hui, proposent des constructions aluminium ?

L’aluminium, pour la plaisance a été une révolution. Le choix de ce matériau a été plébiscité, dès les années 60-70, par de nombreux chantiers. L’arrivée du polyester a modifié la donne, dans les années 70. Cependant, le voilier en aluminium a toujours conservé sa place de favori dans le choix de nombreux acquéreurs de bateau.

Avant de devenir le symbole du voilier de voyage et de bénéficier de l’image du dériveur intégral tout terrain, le voilier en aluminium a été très lié à la course au large et à la régate. En effet, l’aluminium n’a pas toujours été associé à l’image du dériveur intégral de voyage. Retour sur cette folle aventure du voilier en aluminium.

Histoire des voiliers en aluminium

L’aluminium a été découvert en 1807, par Humphrey Davy. En 1854, un procédé est créé, par Henri Sainte Claire Deville, pour en produire. Ses qualités techniques et sa légèreté ont vite été remarqué et l’aluminium commence à intéresser architectes navals et chantiers. Les premiers chantiers à construire des voiliers en aluminium sont alors des Néerlandais.

De la course au large…

C’est auprès des coureurs au large et du monde de la régate que l’aluminium fait sa place. En 1895, la coque de Defender, lors de la Coupe de l’America, est construite en aluminium. Ce qui lui va bien puisque le bateau gagne la Cup. De nombreux syndicats feront le même choix jusqu’au milieu des années 80. Dans les années 60, c’est un français, Eric Tabarly, qui s’intéresse à l’aluminium. Pen Duick 3 sera construit dans ce matériau. Enfin, Marc Pajot remporte la Route du Rhum, en 1982, avec Elf Aquitaine, lui aussi, en aluminium.

… à la plaisance

Mais l’aluminium va vite intéresser le monde de la plaisance et les architectes navals. Là encore sa solidité et sa légèreté intéressent plusieurs architectes qui vont régulièrement l’utiliser. Ce matériau va séduire les candidats aux grands voyages pour les mêmes raisons. Il va vite devenir le symbole de la voile aventure pour de nombreux marins.

Dans les années 70, Jean Marie Finot va donner naissance à des voiliers en aluminium symboles de transat avec le Brise de Mer et le Rêve d’Antilles. De son côté, Philippe Harlé signe les Beaujolais et autres Romanée. Romanée qui était d’abord destiné à la régate et la course d’ailleurs. On peut encore citer des dériveurs en aluminium comme le Zoufri ou les magnifiques succès du Chatam et du Vulcain, de Gilbert Caroff.

Dominique Presles a, de son côté, dessiné, en 1976, le Pen Duick 600, un petit voilier de croisière côtière. Mais l’aluminium restera cantonné aux gros voiliers, pour une question de coût.

Pourquoi l’aluminium pour des voiliers ?

Nous pouvons donc constater que l’aluminium a convaincu de nombreux architectes et chantiers navals depuis plus d’un siècle. Mais pourquoi ?

Ce matériau a plusieurs avantages qui ont fait la différence, dès ses débuts dans le nautisme. Si le coût est aujourd’hui un frein pour la construction de petits voiliers, l’utilisation de l’aluminium trouve toute sa cohérence pour des unités de plus de 12 mètres. Je parle de plaisance. Pour les professionnels, le rapport au coût ne sera pas le même.

Pour commencer, à ses débuts, l’aluminium a rapidement remplacé le bois moulé pour sa solidité et sa légèreté. C’est pour cela qu’il a été utilisé en régate et en course au large très rapidement. Il gardera encore un avantage poids face au polyester monolytique, dans les années 80.

Par la suite, il a été considéré comme une excellente alternative à l’acier. En effet, si l’aluminium ne permet pas de se lancer dans une construction amateur et qu’il est plus cher que l’acier, il a d’autres avantages. Il est beaucoup plus léger que l’acier tout d’abord. Ensuite, et c’est sans doute son point fort, en grande croisière, il ne se fissure pas lors d’un choc. Bon, tout est relatif quand même.

En effet, l’aluminium est un matériau souple et qui s’étire jusqu’à un certain point. Les spécialistes vont peut-être me reprendre sur les mots… C’est-à-dire que lors d’un choc, qu’il absorbe mieux que l’acier, la coque d’un voilier en aluminium ne va pas se fissurer mais se déformer. Pour vous donner une idée, face à un choque, il est capable de s’allonger de 20%. C’est juste impressionnant par rapport au bois ou au stratifier, par exemple. Cependant, il n’est pas élastique. Cela signifie qu’il ne va pas reprendre sa forme initiale ensuite.

Si cette caractéristique a des avantages en navigation, c’est aussi le cas en construction navale. En effet, l’aluminium va pouvoir être travaillé pour construire des coques en forme.

Les chantiers spécialistes de la construction aluminium

Alubat

voilier Ovni 365
photo Alubat

Si un chantier représente bien la philosophie du voilier aluminium, c’est bien Alubat. Créé en 1973, en Vendée, sa gamme d’Ovni a fait rêver de nombreux aventuriers et candidats au grand voyage. Ses dériveurs intégraux ont acquis le surnom de 4X4 des mers. Certains modèles sont devenus des références comme l’Ovni 345. Plus de 1500 voiliers construits par Alubat naviguent sur toutes les mers du monde aujourd’hui.

En parallèle, le chantier propose aussi une gamme de voiliers quillards de plus de 14 mètres : Les Cigales. D’ailleurs, le premier Ovni, le 25, était déjà un quillard.

Allures Yachting

Allures 45.9
photo Allures Yachting

Allures Yachting est un jeune chantier créé en 2003, par Stéphan Constance et Xavier Desmarest, en Normandie. La gamme se différencie des Ovnis en proposant des voiliers avec un pont en composite pour proposer des voiliers plus élégants et performants. Depuis quelques années, la gamme est proposée en versions dériveur ou quillard. Les bateaux ont vite rencontré le succès et été adopté par des grands noms de la voile comme les frères Peyron.

Le chantier propose 3 bateaux, dont l’Allures 40, élu bateau de l’année à sa sortie, l’Allures 45.9. Il fait partie du groupe Grand Large.

Garcia Yachting

garcia Exploration 45
photo Garcia Yachting

Le chantier Garcia est l’autre constructeur historique de voiliers aluminium. Créé en 1974, le chantier s’est spécialisé dans la construction de voiliers pensés pour les navigations extrêmes. La gamme Exploration, dont l’Exploration 52, a acquis une réputation internationale d’excellence pour qui veut naviguer longtemps, partout et en toute sécurité. En 2013 Jimmy Cornell choisira l’Exploration 45 pour naviguer autour du monde en passant par le passage du Nord-Ouest.

Chantier Meta

Le chantier Meta fait partie de l’histoire de la plaisance en France. Créé en 1952, il construira la coque du célèbre Joshua, de Bernard Moitessier, en acier. En 1977, le chantier opte pour un nouvel alliage maison, l’Aluminium Strongall, très épais. Le chantier est fortement lié à des architectes comme Jean Pierre Brouns ou le cabinet Joubert-Nivelt.

Les unités les plus connues sont les Globe Troller 40, JPB 35 et actuellement le Petit Monde

Boréal

boreal 47 au mouillage
photo Boréal

Le chantier breton Boréal est le plus jeune de la sélection. Créé en 2005, par Jean-François Delvoye et rejoins, en 2009, par Jean François Eeman. Le chantier propose des voiliers de voyage ayant un caractère affirmé. Les voiliers Boréals sont des dériveurs lestés marins, rapides et simples à naviguer, comme à entretenir.

Dès 2010, le Boréal 44 est élu voilier de l’année en France, puis aux Pays bas. En 2014, le Boréal 52 est élu voilier européen de l’année dans sa catégorie puis, en 2017, le Boréal 47 est élu voilier de l’année aux USA. Cela se passe de commentaire, non ?

Afep Marine

Afep marine propose des voiliers aluminium complètement différents des autres chantiers. Créé en 1989, par René Roy, comme sous-traitant et constructeur d’unité (Maracuja,…), le chantier se lance dans la construction de ses propres séries en 2000. Le chantier fait appel à Bernard Veys pour proposer la gamme Manatea.

Mais le tournant est pris lors de la collaboration avec David Raison. Le chantier se lance dans la construction de petits voiliers de moins de 10m en aluminium, avec des étraves en scow. La gamme Rêvolution convainc rapidement avec ses carènes planantes. Les deux premiers modèles sont les Rêvolution 22 et 29. Le 24 suivra plus tard.

Autres chantiers construction de voilier aluminium

Enfin, pour terminer cette liste, nous pouvons aussi évoquer des chantiers navals spécialisés dans l’alu pour les professionnels qui peuvent proposer quelques petites séries ou voiliers à l’unité comme :

  • Bord à Bord.
  • Alumarine.
  • Navalu.
  • Chantier Delavergne.

22 réflexions au sujet de “Les voiliers en aluminium, Tout une philosophie de la mer”

  1. Merci beaucoup pour cet article passionnant.
    Pour info, J’ai juste été un peu « choqué » dernièrement en « choquant » l’écoute de génois et en lisant cet article.
    J’ai reçu un « choc » à la tête et j’ai perdu mon orthographe; elle a coulé à pic avec mon dictionnaire.
    Désolé mais je suis un vieux grincheux…..!!!
    Mais c’est pas bien grave, l’important est plus le contenu !!!
    Bonne continuation et bravo pour tous ces articles.
    Rémi.

  2. Bonjour,
    Pas vu de constructions de voiliers aluminium chez Navalu et Delavergne ?
    Par contre on peut en citer d’autres CN Voisin, Dujardin Ico France, JFA (grands voiliers aluminium), …

  3. Une petite omission le chantier Normandy Yacht qui réalise les plans de Jean François André dont les voiliers de grands voyage Patago et le récent Cordova 40 et 45.
    Ainsi que des plans du cabinet Vincent Lebailly comme le DG 52 récemment construit.
    Bon vent

  4. Bonjour Ronan,
    Nous regrettons ne pas avoir été contactés pour vous dire le vrai sur META : le chantier est bien plus important pour la construction de yachts en aluminium que vous ne le donnez à croire (en seulement 5 lignes !!!)—le Strongall®, c’est nous—avec plus de 60 ans d’expérience et de belles nouveautés… Et parmi les références plus parlantes, nos bateaux d’expédition dont peut-être le Fleur Australe de Poupon, le Ste Mathe Jade, les Ecotrolls… et tant d’autres.
    Êtes vous jamais venu nous voir? N’hésitez pas, on est sympa 😉 On est même un des rares chantiers a avoir un bureau d’études intégré à 3 marches du chantier: de quoi assurer un suivi pointu depuis la conception jusqu’à la réalisation.

    • Bonjour le chantier META, je prends note de vos remarques. Et oui, je confirme votre savoir-faire et votre réputation sur les pontons. Je vais donc revoir cette « petite » présentation.

  5. Vous dites Pas de construction amateur utilisant l’aluminium.
    Désolé,en 1980_81 j’ai construit un rêve des Seychelles plans Finot
    en alu dans la région nantaise et je n’étais Pas le seul à cette époque.
    Depuis 1982 ce voilier a parcouru beaucoup de milles ,Route du rhum,de cette année la,plusieurs transat,et nombreux périple en Méditerranée et Atlantique.
    Pas tres rapide mais fiable .Aujourd’hui il navigue toujours sans aucun problème.
    Cordialement

  6. Le débat n’est pas clos en ce qui concerne les avantages et inconvénients de la construction sur couples et lisses et de l’alu épais. Au poinçonnement, l’alu épais doit être avantageux mais en résistance globale, la construction sur lisses est préférable. Des générations d’ingénieurs calculateurs en ont fait la démonstration.
    En ce qui concerne la plasticité de l’alu, qui est réelle, tout dépend de la nuance d’acier à laquelle on la compare. Un acier très faiblement allié est certes lourd du fait de son échantillonnage mais peut également être très plastique. L’adoption d’aciers « haute résistance » pour gagner du poids n’a pas que des avantages. Il en est de même pour la résistance à la corrosion.
    Pour l’alu, j’ai vu une flottille de Pen Duick 600 complètement écrabouillée après le passage d’un cyclone. Il y avait des enfoncements de plusieurs dizaines de cm et les coques étaient toujours étanches. Pour l’acier (faiblement allié), un Joshua a été percuté et entrainé par un pétrolier muni d’un bulbe (entrée du golfe de Fos). L’étrave et le bulbe étaient imprimés dans la coque, là aussi avec un enfoncement décimétrique et il n’y avait pas d’entrée d’eau !

  7. Bonjour et merci pour ce bel article qui, j en suis sur, aura retenu bon nombre d aventuriers des mers comme moi :). Je me permets de corriger ce que je pense être inexact lorsque vous parlez de la première unité d alubat (l ovni 28) qui était en version quillard. Il s agit de l ovni 25 et non 28. Le 28 est bien en dériveur intégral. Bonne nav a tous.

  8. Bonjour les amis,
    Merci pour cet article sur lequel je viens de dévorer, quand la passion est là !
    Connaissez-vous le chantier Odisea qui commence sa production de catamaran en aluminium emmené par David Aguilera Martin, production délocalisée au Vietnam si je ne trompe pas …
    Bon vent
    Eric

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