L’évolution impressionnante des Imoca depuis 20 ans

Les IMOCA sont sans doute les voiliers qui font le plus rêver les passionnés de mer et de bateaux, plaisanciers ou non. Aujourd’hui, ces bateaux n’ont plus grand-chose à voir avec les voiliers du premier Vendée Globe. 

Qui se rappelle du Lada Poch de Loick Peyron, de Fleury Michon de Philippe Poupon ou encore 36.15 Met de Van Den Heede? Ces voiliers ont participé à la première édition du Vendée Globe, en 1990. Quand on regarde ces voiliers de course au large, il faut ben reconnaître que, à part la taille, ils n’ont plus grand chose à voir avec les Imocas à foils d’aujourd’hui. 

La classe Imoca vient de publier une étude de Olivier Douillard, navigateur et spécialiste des données, sur l’évolution de ces bateaux

Origines de l’étude 

spécialiiste IMOCA
Olivier Douillard

Bien que les skippers aient une conscience aiguë de la capacité des bateaux à convertir efficacement la moindre brise en vitesse, peu de recherches ont été rendues publiques pour éclairer ceux qui s’intéressent à l’IMOCA sur les évolutions survenues. 

Olivier Douillard, un navigateur français et expert en performance, qui dirige la société AIM45 spécialisée dans l’analyse et la gestion des données, notamment pour les équipes IMOCA, a mené une étude révélant de manière frappante les transformations majeures des 20 dernières années

En utilisant les données de performance des meilleurs bateaux IMOCA de chaque édition du Vendée Globe depuis 2002, Olivier Douillard a pu comparer la progression des voiliers de 60 pieds, de jadis à aujourd’hui. Au cours de cette période, ces bateaux de course au large ont notamment adopté la quille basculante, puis les foils en 2016, avec des évolutions continues, aussi bien dans la forme des coques que dans d’autres aspects. 

Un gain de vitesse des IMOCA de près de 50% 

performance des Imoca

En 20 ans, les performances des bateaux IMOCA ont augmenté en moyenne de 48 %, ce qui est très impressionnant. 

Avant 2008, pour atteindre 20 nœuds de vitesse, ces bateaux avaient besoin de 30 nœuds de vent réel. En 2016, grâce aux foils, ce chiffre est passé à 18 nœuds. 

Depuis lors, la vitesse du vent nécessaire a encore diminué, et actuellement, il faut seulement 14 nœuds de vent réel pour atteindre 20 nœuds de vitesse. C’est une transformation majeure pour des voiliers de huit tonnes. 

En navigation face au vent, les meilleurs IMOCA sont désormais 49 % plus rapides qu’en 2002, atteignant 14 nœuds de vitesse au VMG (vitesse au meilleur compromis entre le cap et la vitesse). En navigation vent arrière, la vitesse a également augmenté de 49 %, passant de 15 à 24 nœuds au VMG. Enfin, dans des vents légers d’environ 8 nœuds, les performances ont augmenté d’environ 27 %, quel que soit le point de navigation. 

Peut-on encore aller plus vite? 

evolution vitesse des imoca

Les chiffres les plus spectaculaires sont obtenus au reaching haut (autour de 80° du vent), quand le vent vient du côté du bateau. À cette allure, les derniers foilers atteignent des vitesses 73% plus élevées qu’il y a 20 ans, passant de 13 à 22 nœuds. Ensuite, au reaching bas (autour de 120° du vent), l’augmentation est de 44 % avec des vitesses pouvant dépasser les 27 nœuds, ce qui est clairement l’allure la plus rapide. 
 
« Je ne suis pas complètement surpris, mais c’est vrai que c’est bluffant », confie Olivier Douillard. « Vous regardez 20 ans en arrière et vous voyez que la marche franchie est énorme. » 
 
Globalement, le performeur estime que le taux d’augmentation des vitesses a probablement atteint un palier, à moins que des changements radicaux ne soient apportés aux règles de la Classe IMOCA, comme par exemple en autorisant les plans porteurs sur les safrans (rendant le bateau entièrement volant), ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. 

« Cette forte augmentation des performances depuis 2002 est due à une modification majeure des bateaux : l’introduction des foils », explique-t-il. « Pour franchir une autre étape comme celle-ci, il faudrait donc une nouvelle configuration qui permettrait d’augmenter considérablement les performances. Néanmoins, même sans grand changement, les vitesses continueront d’augmenter progressivement parce que les marins apprennent et ajustent de nombreux réglages, de plus en plus précis,  mais il ne s’agira pas d’une révolution. » 
 
Pour l’expert, l’une des clés de la progression continue est la capacité des skippers à naviguer de manière rapide et surtout stable. « La courbe d’apprentissage de la stabilité permettra aux performances d’augmenter, mais de façon moins spectaculaire. Cela se fera lentement et dépendra du skipper et de la façon dont il règle son bateau efficacement pendant de longues périodes. C’est cela qui fera la plus grande différence”, conclut-il. 

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