Echouer son voilier sur une plage, à l’abri des vents, pour y passer une nuit et faire escale est un vrai plaisir. Pour vivre ces instants sereinement, faire une manoeuvre en beachant ou attendre que la marée se retire, vous devez prendre quelques petites précautions.
Echouer son voilier, pourquoi?
L’échouage offre, en effet, de nombreux avantages. Il permet d’accéder à des sites plus sauvages et protégés, accessibles qu’aux petits tirants d’eau. Il permet aussi de mettre le pied à terre sans prendre l’annexe. Quoi de mieux, après une longue navigation, que de beacher sur une plage et de mettre les chevilles dans l’eau. Enfin, nous rappelons juste que l’échouage, pour caréner son voilier….cela ne se fait plus.
Tous les types de bateaux peuvent échouer même si, dans le cadre d’un quillard, il est fortement recommandé de suivre les indications du constructeur. Certains quillards ne supportent pas de se poser sur leur quille, Vous devrez, dans ce cas, choisir un mouillage qui reste toujours à flot. Pour les autres, il sera nécessaire d’avoir des béquilles, sinon, vous pouvez toujours trouver un endroit très vaseux ou la quille pourra s’enfoncer…mais pour aller à terre, ce sera plus compliqué.
Les dériveurs intégraux et les catamarans peuvent beacher et se poser sans problème, c’est l’idéal. Leurs fonds sont généralement protégés avec une semelle de fonte pour les dériveurs en polyester ou en bois et les catamarans se poseront sur leurs ailerons ou directement sur leurs coques protégées là aussi. Les biquilles, eux, pourront se poser tranquillement sur leurs deux appendices quand la marée descendra.
Quels voiliers pour échouer?
Comme nous venons de le voir, de nombreux voiliers peuvent échouer, mais pas tous et pas sans précautions.
Les multicoques pour leur faible tirant d’eau
Les multicoques sont généralement des voiliers pensés pour l’échouage. C’est le cas, par exemple, de tous les petits trimarans et de la grande majorité des catamarans. Concernant ces derniers, quelle que soit leur taille, ils sont généralement équipés d’ailerons qui leur permettront de venir s’échouer sur une plage sans risque pour le bateau. Attention, cependant aux multicoques équipés de dérives sabre.
Les dériveurs intégraux pour échouer à plat
Parmi les monocoques, les dériveurs intégraux sont sans doute les plus adaptés à l’échouage. En effet, la dérive rentrant entièrement à l’intérieur de la coque, vous pourrez vous poser à plat. Généralement la coque est protégée par une galette de fonte.
Les biquilles
Les biquilles sont des voiliers qui sont très recherchés dans les zones à marées. C’est les cas, par exemple, en Bretagne et en Normandie. Ils sont aussi très présents en Grande Bretagne. Ils ont en effet l’avantage de pouvoir naviguer dans peu d’eau et de se poser facilement. Attention, cependant, aux fonds vaseux.
Les dériveurs lestés et voiliers à quille relevable
Les dériveurs intégraux ne doivent pas être confondus avec les dériveurs lestés ou les quilles relevables. Ces derniers ne pourront pas se poser à plat. Le saumon du dériveur lesté fera pencher le bateau d’un côté ou de l’autre. Cela pourra être compensé par des béquilles. Pour les voiliers à quille relevable, je pense que le risque d’abimer le mécanisme est réel.
Les voiliers quillards, sur béquille
Les quillards peuvent aussi échouer. Bien évidemment, le résultat ne sera pas le même, mais c’est faisable. Attention, cependant, tous les quillards ne pourront pas se poser sur leur quille, renseignez vous auprès du chantier ou dans des archives, avant. Généralement, les anciens quillards des années 80 sont pensés pour cela, lorsqu’ils sont proposés en version PTE ( Petit tirant d’eau). Vous pourrez poser le voilier contre un quai ou sur béquilles.
Certaines versions de voiliers équipés d’un appendice sous forme de quille à ailettes peuvent aussi se poser sur les fonds;
Les différentes zones d’échouages.
Toutes les zones de navigation ne sont pas favorables à l’échouage. Il faut choisir de se poser dans un site protégé, à l’abri de la houle et du ressac. En effet, il est important, pour le bateau et pour l’équipage que le bateau ne tosse pas lorsque la marée remonte ou descend.
Pensez à vous renseigner sur les effets de brise côtière qui prendront le dessus sur les vents. La nature des fonds est aussi, évidemment, à prendre en considération…il sera compliqué d’échouer sur de la roche.
Préférez donc des zones sableuses ou vaseuses. Attention, dans le cadre d’un voilier biquille ou d’un quillard avec béquilles à ne pas choisir une zone trop vaseuse (surtout avec un quillard équipé de béquilles qui pourraient mal s’enfoncer) et à échouer sur une zone plane, que le bateau reste droit.
Il faut toujours se poser dans l’axe de la pente, cela permet au voilier de rester horizontal même si le comportement d’un monocoque est plus difficile à prévoir que celui d’un multicoque.
Enfin il est important de vous renseigner si la zone ou vous voulez vous poser n’est pas une zone protégée.
Les manoeuvres au mouillage.
Beacher :
Pour beacher un voilier, vous devez, tout d’abord mouiller l’ancre arrière avant de venir beacher le bateau sur la plage. Le bateau beaché, vous pourrez ensuite porter l’ancre avant. Vous devez bien vérifier les coefficients de marée afin de ne pas vous retrouver coincé avec un bateau au sec pendant 10 jours si les coefficients baissent.
- Vérifiez les coefficients de marées avant la manoeuvre. Il ne faudrait pas que ces derniers soient à la baisse et vous empêche de repartir.
- Relevé votre loch avant d’échouer
- Mouillez par l’arrière et continuer à avancer
- Lorsque le bateau a beaché, portez la deuxième ancre sur la plage.
En eau profonde:
Dans le cas ou vous attendez la marée, en eau profonde, vous commencez, là aussi, par mouiller l’ancre arrière. Ensuite, vous avancez le bateau et allez mouiller, assez loin, l’ancre avant, puis reculez le bateau vers l’ancre arrière.
- Relever le loch avant d’échouer
- Mouillez par l’arrière et continuez à avancer
- Mouiller l’ancre à l’avant et reculer
- Ajustez votre mouillage
Les risques de l’échouage
Il existe quelques risques à échouer son bateau. Le premier risque est pour la coque, lors de l’échouage. Si un dériveur intégral peut se poser sur les fonds, il faut faire attention au bateau, qu’il soit en polyester, en bois ou en acier. Vous devez faire faire attention aux fonds pour ne pas abimer l’antifouling, les loch speedo ou sondeurs, voire la strat, sur une grosse pierre.
Il y a aussi un risque pour l’équipement comme pour les béquilles d’un voilier si la houle s’invite. Enfin, le dernier risque, pour le bateau, est lors du départ. Utilisez bien l’ancre arrière pour vous dégager de la grève lors du départ.