Giovanni Soldini est une figure emblématique de la voile internationale, reconnu pour ses performances exceptionnelles en course au large et son engagement pour les océans. Navigateur italien né à Milan en 1966, il s’est imposé comme l’un des marins les plus accomplis de sa génération, collectionnant les records et les victoires dans les compétitions les plus prestigieuses. Ses exploits en solitaire et en équipage, sa persévérance face aux conditions extrêmes et son sauvetage héroïque d’Isabelle Autissier en 1999 ont construit sa légende dans le monde de la voile.
Sa jeunesse et la découverte de la voile
Né le 16 mai 1966 à Milan, loin des côtes italiennes, rien ne prédestinait Giovanni Soldini à devenir l’un des plus grands navigateurs de son époque. C’est à l’âge de 16 ans qu’il découvre sa passion pour la mer, lors d’une traversée de l’Atlantique à bord d’un voilier en compagnie d’amis de la famille[^1]. Cette expérience fondatrice éveille en lui une vocation irrépressible pour la navigation.
Contrairement à de nombreux navigateurs professionnels, Soldini n’a pas suivi un parcours classique. Autodidacte, il apprend les rudiments de la navigation par la pratique, multipliant les expériences en mer et développant une compréhension intuitive des océans. À 19 ans, il traverse pour la première fois l’Atlantique en solitaire, confirmant son talent naturel et sa détermination[^2].
« La mer m’a appelé très tôt », confiait-il au journal La Repubblica en 2010. « Dès ma première traversée, j’ai su que ma vie serait liée aux océans. C’était une certitude absolue, presque viscérale. »[^3]
Les débuts dans la plaisance et la course au large
Les années 1980 marquent les débuts professionnels de Soldini dans le monde de la voile. Il commence par travailler comme skipper pour des propriétaires privés, enchaînant les convoyages et les régates côtières en Méditerranée. Cette période lui permet d’affiner ses compétences et de se familiariser avec différents types de voiliers.
Sa carrière prend un tournant décisif en 1991 lorsqu’il participe à sa première course transocéanique majeure, la Mini Transat, à bord d’un voilier de 6,50 mètres. Il termine à une prometteuse quatrième place, démontrant déjà sa capacité à naviguer en solitaire sur de longues distances[^4].
L’année suivante, Soldini s’engage dans la classe des 50 pieds avec un bateau nommé Lariboisière-UCG, avec lequel il remporte plusieurs courses dont la Transat des Alizés. Ces succès précoces attirent l’attention des sponsors italiens, lui permettant progressivement d’accéder à des bateaux plus performants et à des compétitions de plus haut niveau[^5].
En 1994, il franchit une étape importante en participant au BOC Challenge (aujourd’hui connu sous le nom de Velux 5 Oceans), une course autour du monde en solitaire avec escales. Malgré un budget limité et un bateau moins compétitif que ses concurrents, il termine à la cinquième place, s’imposant comme le premier Italien à accomplir cet exploit[^6].
La carrière
La carrière internationale de Giovanni Soldini prend véritablement son envol à la fin des années 1990, période durant laquelle il enchaîne les performances remarquables et construit sa réputation de navigateur d’exception.
En 1998, il s’aligne au départ de l’Around Alone (anciennement BOC Challenge), course autour du monde en solitaire avec escales. À bord de son monocoque Fila, il domine la compétition et inscrit son nom au palmarès de cette épreuve exigeante[^7]. Mais c’est surtout un événement survenu pendant cette course qui va le propulser sur le devant de la scène médiatique internationale.
Le 24 février 1999, alors qu’il navigue dans les mers australes entre la Nouvelle-Zélande et le cap Horn, Soldini reçoit un signal de détresse de sa concurrente française Isabelle Autissier, dont le bateau s’est retourné à plus de 1 900 kilomètres des côtes. Déroutant immédiatement son voilier dans des conditions extrêmes, il parvient à retrouver et secourir la navigatrice après 24 heures de recherche dans les eaux tumultueuses du Pacifique Sud, un acte héroïque qui lui vaudra la Légion d’honneur française[^8].
Dans les années 2000, Soldini élargit son horizon en s’essayant aux multicoques, d’abord avec un trimaran ORMA 60 Tim, puis avec un Multi 70 baptisé Maserati. Ce changement témoigne de sa volonté constante de se renouveler et de repousser ses limites[^9].
En parallèle de sa carrière sportive, il développe un engagement écologique prononcé, participant à diverses initiatives pour la protection des océans et la sensibilisation aux problèmes environnementaux. « Les marins sont les premiers témoins de la dégradation des mers », déclare-t-il lors d’une conférence sur l’environnement à Rome en 2015. « Nous avons une responsabilité particulière pour alerter sur ces questions. »[^10]
À partir de 2012, son partenariat avec la marque automobile Maserati lui permet de se lancer dans une nouvelle série de défis, principalement orientés vers la chasse aux records sur les grandes routes maritimes historiques[^11].
Le palmarès et les moments forts de sa carrière
Le palmarès de Giovanni Soldini compte parmi les plus impressionnants du circuit international. En plus de quarante ans de carrière, le navigateur italien a accumulé les victoires et les records, confirmant son statut de légende de la voile.
Parmi ses succès les plus notables figurent:
- Victoire dans l’Around Alone (ex-BOC Challenge) en 1998-1999
- Double vainqueur de la Transat Jacques Vabre (en 2000 en monocoque et en 2012 en multicoque)
- Vainqueur de la Transat Québec-Saint-Malo en 1996 et 2012
- Détenteur du record de la Route de l’Or (San Francisco-Shanghai) en 2015
- Record de la Route du Thé (Hong Kong-Londres) en 2018
- Multiple records sur le parcours Monaco-Porto Cervo
- Plus de 40 traversées transatlantiques à son actif[^12]
Au-delà de ces performances sportives, certains moments ont particulièrement marqué sa carrière et l’histoire de la voile. Le sauvetage d’Isabelle Autissier en 1999 reste sans doute l’événement le plus emblématique, illustrant les valeurs de solidarité et de courage qui animent le monde de la voile océanique.
En 2013, à bord de son trimaran Maserati, il établit un nouveau record sur la « Route de l’Or » entre New York et San Francisco, via le cap Horn, en 47 jours, battant le précédent record qui datait de 1998[^13].
Plus récemment, en 2019, Soldini et son équipage à bord du Multi 70 Maserati ont remporté la prestigieuse RORC Caribbean 600, une course de 600 milles nautiques autour des îles des Caraïbes, démontrant que malgré les années, le navigateur italien reste compétitif au plus haut niveau[^14].
Giovanni Soldini incarne aujourd’hui une figure respectée du monde maritime, alliant l’esprit de compétition à un profond respect pour l’océan. Comme il l’a souvent répété : « La mer est notre terrain de jeu, mais aussi notre maison. Nous devons la respecter et la protéger. »[^15]
Sa carrière témoigne d’une passion indéfectible pour la navigation et d’une quête constante de nouveaux défis, faisant de lui l’un des ambassadeurs les plus authentiques et les plus admirés de la voile contemporaine.