Histoire du chantier Jouët jusqu’à Yachting-France.

L’histoire de la plaisance est faite de nombreux chantiers qui ont permis la démocratisation de la pratique de la voile avant de disparaître. Parmi ces acteurs, le chantier Jouët est sans doute un des plus emblématiques, ayant marqué la petite plaisance côtière jusqu’à la course au large et la transatlantique.

Qui ne connaît pas des voiliers comme le Belouga, le Golf ou encore le Jouët 920 ou la Fandango ? Ces voiliers ont connu un immense succès des années 50 aux années 80. Le chantier Jouët a, effectivement, eut un rôle immense dans l’histoire de la plaisance populaire en France. Cette histoire, ont la doit, notamment, à un deux hommes : Paul Jouët et son fils, Jean Pierre, qui aura un rôle encore plus important pour l’industrie nautique.

Histoire du chantier Jouët depuis 1872

L’histoire du chantier Jouët commence sur les bords de la Seine, en 1872. C’est en région parisienne, à Sartrouville exactement, qu’un certain Antoine Blondeau construit un bateau lavoir, pour sa femme. Dans la foulée, l’homme se lance dans la création d’un chantier naval. L’histoire du chantier commence, modestement, avec la construction de barque pour la pêche et les ballades sur la Seine.

Cependant, à cette époque, les moteurs font leur apparition un peu partout. C’est alors qu’Antoine Blondeau décide d’équiper, lui aussi, ses bateaux d’un moteur. Le chantier va commencer à connaître, dans la foulée, ses premiers succès commerciaux, en devenant une référence pour les particuliers, mais aussi les professionnels et la marine.

En 1920, un certain Paul Jouët, ingénieur maritime et visionnaire, décide de s’associer à Antoine Blondeau pour créer le « Chantier naval de Sartrouville ». L’homme a de l’ambition et a une vision très claire de la plaisance. En 1925, il embauche un architecte qui va marquer l’histoire de la plaisance : Eugène Cornu. Jean Pierre prendra, la main sur le chantier en 1927, alors qu’Antoine Blondeau, à plus de 70 ans, prend du recul. Le chantier prendra le nom de « Paul Jouët & Compagnie ».

Pendant les années qui suivent, le chantier connaît un immense succès et construit des yachts à moteur et des voiliers, des Yachts classiques très appréciés, parfois pour de prestigieuses personnalités de l’époque. La Guerre passée, le chantier redémarre en travaillant pour les phares et balises ou la SNSM par exemple, en produisant des canots de sauvetage.

L’âge de la plaisance et l’innovation

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En 1951, Jean Pierre Jouët, le fils de Paul, entre au chantier. Il amorce alors le tournant qui nous intéresse. C’est lui qui lance la production de petits voiliers en bois moulé, le Belouga. Ce voilier sera un immense succès populaire. Il offrira, à de nombreux plaisanciers, l’occasion de s’essayer à la voile et de découvrir les plaisirs de la mer. Le Picoteux sera un autre succès du chantier.

Mais le grand tournant du chantier arrive en 1958, avec l’arrivée du plastique. Il sera un des grands chantiers novateurs en ce domaine. Avec Maurice Edel, jean Pierre Jouët est sans doute un des premiers à y croire. Pour preuve, alors que le lyonnais lance son Grand Large, au chantier Edel, Jean Pierre lance le célèbre Golif, de 6,50m, en 1962. ce petit voilier est une révolution. Il rend accessible la voile aux plus grands nombres. Mais encore mieux, ce petit voilier ouvre les portes de l’horizon, du grand large. En effet, en 1967, alors qu’Eric Tabarly remporte la transat Anglaise, un certain Jean Lacombe termine la course, en dernier, sur ce petit voilier de 6,50m : le Golif. Il est, sans doute, le premier voilier de 6,50m à faire « une transat en mini ».

Quelques années plus tard, sortiront le Triburon et le fandango, un drôle de voilier au cockpit arrondi.

Le chantier Jouët devient si important qu’il devient un des acteurs majeurs de l’industrie du nautisme. Jean Pierre sera à l’origine de ce qui pourrait être les prémices de la FIN ( Fédération des Industries du nautisme). Dans le même temps, il participe à la création du salon du nautisme parisien, le CNIT.

Du chantier Jouët à yachting France

Jouet 760

Malheureusement, la suite de cette belle histoire ne sera pas rose. En effet, les années 60 annoncent la grande révolution dans le monde la plaisance. De nombreux chantier disparaissent, comme le chantier Mallard ou Aubin. Pendant ce temps-là, d’autres montent en puissance, comme Dufour, Jeanneau ou encore Bénéteau. Le chantier Jouët fera partie de la première liste.

A partir des années 70, si de nombreux bateaux ont connu le succès en portant le nom Jouët, la structure produisant ces bateaux est plus flou ( si certains lecteurs peuvent compléter l’histoire en commentaire…). Quoi qu’il en soit, le chantier Jouët est racheté, par Dubijean Normandie, à la fin des années 60. La site de production sera déménagé.

La future production se fera sous le nom de Yachting France, qui, dans les fait, est un GIE de plusieurs chantiers. Yachting France sortira plusieurs excellents bateaux comme :

  • Le Jouët 550 (1979-1984) qui prendra le nom de Jouët 18
  • Le Jouêt 680
  • Le Tarentelle, qui prendra le nom de Jouët 27
  • Le Jouët 760, sur plan Philippe Briand. ( 1982-1986)
  • Le Jouët 920, un super croiseur sur carène Half-tonner, avec cabine arrière. ( 1978- 1982)
  • Le Jouët 33, ancien Fandango
  • Le Jouët 1040, un excellent fifty de 10m.
  • Le Jouët 1080, un voilier, sur plan Philippe Briand, très rare sur le marché mais excellente construction, moderne pour l’époque. ( 1982- 1986)
  • Le Lacoste 42, un voilier produit en partenariat avec Dufour et commercialisé avec la marque de luxe Lacoste ( 1985)
  • Et bien d’autres voiliers…

Tous ces voiliers auront un succès populaire et commercial. C’est ce qui permettra, à la structure Yachting France, de continuer à faire partie des grands noms de la plaisance jusqu’au milieu des années 80. A la fin des années 80, Yachting-France sera victime de la première crise du nautisme. Il fermera, à son tour, ses portes.

27 réflexions au sujet de “Histoire du chantier Jouët jusqu’à Yachting-France.”

  1. Je suis l’heureux propriétaire d’un des derniers golifs jog construit en 1970 par le chantier Dubigeon qui a racheté Jouet, sa plaque en atteste, je suis tre6 attaché à ce bateau très marin.

  2. Bonjour , je me permet de vous ecrire car j ai un bateau 15 pieds ( 4,77 m) avec petite cabine , a moteur, en « resine « si je puis dire ,enfin il n est pas en bois ..c est un JSP ( serie Rider No Hin ou No coque : 226) construit en 1977 or le chantier Yatching France n existe plus ..Sauriez vous a tout hazard si les squelettes des coques de ce genre de bateau etaient en bois traité special marine et resiné dans ce chantier naval ? 1000 mercis de votre reponse si toutefois vous saviez .Bien a vous Marie.Laure

  3. Yachting France a pris ce nom après avoir racheté (surtout repris les licences et les moules du 420 et du 470 après avoir licencié le personnel des 2 chantiers bordelais) Lanaverre en 74 et Morin en 77. Ayant commis la grossière erreur de motoriser leurs voiliers avec Renault Marine Couach (dont un ingénieur n’avait rien trouvé de mieux que d’essayer de mariniser à peu de frais le moteur de la R5…) ils eurent les pires ennuis de SAV avec cette motorisation dont la durée de vie dépassait rarement la semaine… Le 24, le 680, le 760, le 920, le 1080, le 36 furent d’excellents bateaux très bien construits et qui marchaient très fort sous voile et en régate. Il y a eu aussi un 13,5 m en plus du Lacoste 42 à la diffusion assez confidentielle, fin des années 70, début 80. Une mauvaise gestion (la folie des grandeurs) et l’arrivée de Mme Roux chez Bénéteau qui sortait de très beaux et bons voiliers a eu leur peau alors qu’ils étaient au plus haut dans leur production, au grand étonnement des professionnels avertis. Très bizarrement le chantier n’a pas été repris, à la différence de Jeanneau à la même époque. Alors qu’ils avaient des modèles très marins.

    • Bonjour monsieur et bonne année 2023.
      Je me permets de vous interroger sur un tarentelle rebaptisé Jouet 27.
      Pourriez vous me donner des informations à son propos car on me propose d’en reprendre un.
      Cordialement
      Philippe capdevielle

      • Bonjour, le tarentelle est un super bateau, devenu Jouet 27. Il était, à l’époque, réputé pour sa qualité de construction et ses quélités marines. Un bateau rapide, il me semble, sans être un voilier de régate. Son peut à teugue lui offrait, je crois, pas mal de volume, à l’intérieur.

  4. Rectif : ce n’est pas le Jouët 36, mais bien le Jouët 37. Super bateau pour l’époque ! 11,4 m x 3,98 m Te : 1,94 m. Très logeable, 3 cabines, un grand carré…

    • Bonjour,
      Pour posséder un jouët 37, je peux vous assurer que c’est un super bateau, mais qu’il ne possède que 2 cabines. C’est la version suivante, le 11.20, qui en possède trois il me semble. Dans le 37, la cabine arrière possède une couchette simple à babord et une double à tribord, dans un même espace sans cloison.
      Cordialement

  5. Vous avez oublié le jouet 600 que mon père a gardé pendant plusieurs années sur le lac de Biscarrosse et qui était un excellent bateau, il battait bien des bateaux de sa taille

  6. Bonjour
    J’ai récupéré un bateau de la marque jouet avec un moteur in-bord que je veux restaurer.
    Je possèdes aucun documents .
    Je voudrais savoir ou je peux faire une demande de certificat de gauge, pour pouvoir le faire immatriculer au affaire maritime.
    Cordialement .Dominiquue

    • Bonjour et bonne année 2023.
      Avez-vous reçu une réponse pour le certificat de jauge? Je vais récupérer comme vous un jouet et me pose la même question que vous, étant pour la première fois futur propriétaire. Je vous remercie de me faire savoir le résultat de vos démarches.
      Cdlt

  7. Bonjour,

    Mon troisième bateau était un Golif que nous transportions sur une remorque derrière notre DS 23 du Havre jusqu’à La CIOTAT. Je suis en négociation pour un Jouet 680 qui sera mon onzième et dernier bateau avec lequel je veux faire des sorties à la journée et peut-être quelques régates amicales avec mon club nautique.
    Merci pour ces infos.

  8. Bonjour à tous, je suis l’heureux propriétaire d’un Jouët 1080 GTE, le n°22 de la série sur 25 fabriqués. Il s’agit de l’Ex Belzebuth qui croisait sur Arcachon dans les années 90…

    Je souhaiterais savoir pourquoi la famille Arthaud, notamment Florence et son frère Jean Mari ont eu des liens avec ce modèle là. Flo en a fait la promotion à sa sortie et son frère Jean Mari en a possédé un pendant des années dont l’exemplaire navigue encore aux Açores.

    Étaient ils proche de P.Briand l’architecte?

    Mes parents avaient essayé ce bateau à Gruissan lors de sa sortie avec Florence a bord… sacré souvenir pour eux!!!

    Je possède le miens depuis plus de 10 ans, je vais faire ma 2ieme transat avec et le bateau en avait effectué déjà 2 avant moi.

    Avec un copain qui en possède un également nous sommes devenu passionné de ce modèle à tel point que nous en avons recensé les exemplaires un peu partout en france et dans le monde… y compris jusqu’au US.

    Voila, longue histoire qui s’écrit encore. Donc si qqun a des infos sur ce bateau et ses liens avec la famille Arthaud, je suis preneur.

    • Bonjour Vanbleus et respect pour vos deux transats. Avec un ami dans les années 90 nous avons été les heureux possesseurs d’un Jouët 1080 basé à Marseille et baptisé Doudou (j’avais conservé le nom) par son précédent propriétaire. Je l’ai vendu lorsque mon collègue a voulu se retirer de notre copropriété. Récemment je me suis mis en tête de retrouver ce bateau dont malheureusement je n’ai gardé aucun document. J’ai toutefois en mémoire le nom du 1er propriétaire et celui auquel je l’ai vendu. En compagnie de celui ci j’avais alors convoyé Doudou au Cap d’Agde son nouveau port d’attache. Si avec les noms de ses différents propriétaires vous pourriez identifier Doudou parmi ceux du recensement effectué avec votre ami je pourrais alors vous les communiquer en mail privé.
      Cordialement.
      Gérard

  9. Bonjour,
    je suis à la recherche d’un petit voilier fabriqué par YACHTING FRANCE(33260 LA TESTE),
    modèle type « PERTHUIS » long 4,60 x Larg 1,93m, jauge &,48tx en stratifié de polyester, 1976…
    Je recherche ce petit bateau, merci de me contacter si vous connaissez quelqu’un qui en vend.
    Bien cordialement
    Ronan T

  10. Bonjour,
    J’ai « hérité » d’un bateau qui sort des chantiers Yachting France en 1980, sa plaque indique un type: ARVOR n° de série 201, je n’ai pas réussi à trouver d’informations dessus. Quelqu’un connait-il? je souhaiterais le faire immatriculer mais sans document ça m’a l’air un peu compliqué.

  11. Bonjour
    Le JOUET550 et le JOUET18 sot deux voiliers différents. Le premier est un MICRO à quille relevable le second est un quillard.

  12. Dans votre article , sans être un spécialiste , vous avez oublié le jouet 600 . Un exemplaire que mon père a possédé pendant des années et qui a bateau équivalent marchait bien

  13. Bonjour à tous et excellente année 2024.
    Nous sommes une troupe Scouts et Guides de France, nous sommes basés à SENLIS dans l’Oise et nous remettons à flot un Eclair 19 devenu Jouët 19 .
    Nous cherchons toutes informations, plans et fiches techniques qui pourraient nous aider.
    Merci de votre aide
    Sébastien : sebamaniere@free.fr

  14. Sidéré de ne pas voir apparaitre le Jouet 17 surnommé Fox Trot qui fait le bonheur des plaisanciers avertis !?

  15. Bonjour je possède un jouët de l’année
    1964 fibre sur la plaque il est indiqué
    Model pen ar bed
    Il fait 10m10 sur 2m55
    Très marin, je ne trouve aucune information à son sujet,
    Ci vous auriez des informations je suis preneur.
    Merci

  16. Bonjour, j’ai possédé un Raz, dériveur de 5,20 m lesté d’un bulbe de plomb de 100 Kg, construit par Jouët dans les années soixante à Sartrouville où je suis allé le chercher en 1967. D’après mes souvenirs, le chantier avait abandonné le site de Sartrouville en 1965 pour s’installer au Petit Quevilly près de Rouen pour intégrer le GIE Yachting France. Les bateaux qui restaient au chantier ont alors été bradés à petit prix.

    J’ai aussi connu « L’Highlander « , un dériveur destiné aux écoles de voile de 6 mètres, en bois moulé de 3 plis d’acajou, qui permettait d’emmener 10 stagiaires. Je suppose qu’il avait du être construit par Jouët dans les années cinquante. Quelqu’un a-t-il des informations sur cette belle coque, à demi pontée, en forme ?

    Il faut aussi se souvenir que c’est à Sartrouville qu’a été construit par Jouët, le second bateau d’Alain Gerbault auquel il donna son nom. C’était un faux Colin Archer de 10,50 m dessiné par Eugène Cornu, magnifiquement construit en teck, coque en triple bordés rivetés cuivre (comme les canots de sauvetage de l’époque) et qui disparut malheureusement dans la guerre du Pacifique après la mort du navigateur en 1941 au Timor.

    J’ai quelques photos, mais je ne sais comment les publier sur le site ?

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