Que ce soit lors de grandes compétitions telles que le Vendée Globe, la Transat 6,50 ou la Route du Rhum, ou lors de courses plus intimistes, les médias nous parlent d’exploits humains et techniques. Sans rien enlever aux prouesses modernes, il n’est pourtant pas récent de voir des bateaux régater entre eux en traversant un océan.
Depuis l’origine de la navigation, les voiliers rivalisent d’efforts pour effectuer le plus rapidement possible une traversée. Nous avons en mémoire les grandes courses des clippers ramenant les épices d’Orient, ou le thé de Chine, et leurs luttes acharnées pour être premier au port. Mais c’étaient des voyages de grands bâtiments commerciaux, avec des équipages nombreux. Ce n’est qu’à partir du milieu du XIXe siècle, que des courses transatlantiques mettent en compétions des yachts.
Quelles sont les premières grandes courses à la voile?
En 1905, lors de la Kaiser’s Cup, fut écrit la première page des courses transatlantiques par la performance de la goélette Atlantic, sur cinq autres concurrents, par un record d’un peu plus de douze jours entre Sandy Hook (USA) et la péninsule de Lizard (GB). Ce record ne fut battu que 75 ans plus tard par Eric Tabarly sur le trimaran Paul Ricard, et, par un monocoque, qu’en 1997 par le yacht Nicorette (en un peu plus de onze jours).
La course des Bermudes, dont le premier départ fut donné en 1906, est, avec un parcours de 660 milles, entre New-York et les Bermudes, la premières des courses océaniques modernes. Supprimée lors de la première guerre mondiale, le Cruising Club of America la rétablit en 1923. Elle devint bisannuelle en 1926, alternant avec la course du Fastnet, instaurée en 1925 dans les eaux britaniques par le Royal Ocean Racing Club.
Il faut attendre une vingtaine d’année avant la création, par le Cruising Yacht Club of Australia, de la troisième course, se déroulant ici dans l’hémisphère sud : la course Sydney-Hobart. Le parcours est d’une longueur voisine de celle des deux autres courses citées, soit 630 milles.
La jauge du RORC
La Kaiser’s Cup fut courue sans handicap et ne laissa donc aucune chance aux petits bateaux. Le problème était de déterminer le potentiel de vitesse pour chacun des bateaux. En 1925, pour la première édition de la course du Fastnet, le Major Malden Heckstall Smith, en collaboration avec Dick Mc Lean Buckley, alors secrétaire du Royal Ocean Racing Club (RORC), proposa un système permettant de mesurer facilement les yachts à flot dont on peut déduire un coefficient de vitesse, ou « rating », qui tient compte des possibilités de vitesse de la coque ; et à partir duquel on peut calculer les allégeances entre les bateaux de toutes tailles. Cela donna naissance au premier règlement de jauge du RORC.
La base d’un système de jauge réside en ce que les facteurs, notamment longueur, surface de voilure et réduction du franc-bord, qui augmentent la vitesse d’un bateau, interviennent positivement dans la formule, et que les facteurs défavorables, dont l’augmentation du bau et du creux de la coque, interviennent négativement, ou en dénominateur. La formule se complète d’un certains nombre de gardes-fous pénalisent certains moyens d’augmenter la vitesse et que le jury estime injustes.
En 1925, le rating (R), en pieds, donnant une longueur dynamique de flottaison, dont la vitesse du voilier lui est proportionnelle, est calculé en prenant en compte la longueur jauge de flottaison (L, dépendant de la longueur de flottaison (LWL) et de la longueur au quart du maître bau(QBL)), de la surface jauge de voile (S), du displacement (volume en pied cube – D), le franc-bord (F), selon la formule suivante :
Aujourd’hui, la jauge universelle est : R = ( 0,18 x L x √S) / (³√D).
Quelles sont les plus grandes courses à la voile actuelles?
Chaque année, le RORC donne le départ de nombreuses courses de tout type, pour tous les navigateurs et sur des distances variées. Mais en dehors de ces événements, il en existe un très grand nombre qui est organisé à travers le monde. Ne pouvant citer toutes ces belles épreuves, en voici quelques-unes parmi les plus médiatisées :
Tours du monde :
– La Volvo Ocean Race, en équipage avec escales sur monotypes VO65, depuis 1973, tous les 4 ans.
– La Velux 5 Oceans, en solitaire avec escales sur monocoques 60 pieds IMOCA, depuis 1982, tous les 4 ans.
– Le Vendée Globe, en solitaire, sans escale et sans assistance sur monocoques 60 pieds IMOCA, depuis 1989, tous les 4 ans.
– Le Trophée Jules-Verne, contre la montre en équipage sur tout type de bateaux, depuis 1992.
– La Clipper Round The World Race, en équipage avec escales sur monotypes Clipper 68, depuis 1996, tous les 2 ans.
– La Barcelona World Race, en double et sans escale sur monocoques 60 pieds IMOCA, depuis 2007, tous les 3 à 4 ans.
Transocéaniques :
– La Transpacifique, en équipage entre Honolulu et Los Angele ssur divers bateaux, depuis 1906, tous les 2 ans.
– La Transat anglaise, en solitaire entre Plymouth et Newport sur divers bateaux, depuis 1960, tous les 4 ans.
– La Mini Transat, en solitaire et avec escales sur Mini 6.50, depuis 1977, tous les 2 ans.
– La Route du Rhum, en solitaire entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre sur divers bateaux, depuis 1978, tous les 4 ans.
– La Transat Québec-Saint-Malo, en équipage sur divers bateaux, depuis 1984, tous les 4 ans.
– La Transat AG2R, en double, sur Figaro Bénéteau, depuis 1992, tous les 2 ans.
– La Transat Jacques-Vabre, en double entre Le Havre et un port d’Amérique du Sud sur divers bateaux, depuis 1993, tous les 2 ans.
La course de haute mer progresse à grand vent dans tous les coins du monde et chaque marin peut, quelque-soit son lieu de prédilection, participer à des courses et entreprendre des choses passionnantes.
Frédéric Daeschler, CAPAJUT