Comment naviguer dans le brouillard ?

Naviguer dans le brouillard est une expérience stressante. Tous les plaisanciers qui l’ont vécu vous le diront. Si l’ambiance devient réellement magique, elle est aussi très stressante, mais surtout très dangereuse. Voyons ensemble les quelques règles à retenir pour naviguer dans le brouillard.

La navigation, en mer, mais aussi sur Lac, a cette fâcheuse tendance à nous rappeler que la nature est belle, mais aussi plus forte que nous. Pour nous, voileux du dimanche, quand nous parlons de météo défavorable, nous pensons tout de suite au mauvais temps, tempête, ou mer déchaînée.

Pourtant, la nature peut être beaucoup plus vicieuse parfois, même en ayant bien préparer sa navigation. Elle peut nous embêter par beaux temps, un dimanche après-midi alors que tout était au vert, ou au bleu…, pour naviguer. C’est le cas, par exemple, lorsque vous devez, brutalement, naviguer dans le brouillard. Je ne parle pas du brouillard matinal, qui nous fait patienter avant de prendre la mer. Non, je vous parle de la brume estivale qui tombe sur le plan d’eau d’un coup.

Pas plus tard que cet été, je suis parti naviguer en mer, avec ma femme et mes deux filles, à bord de mon fier voilier. Au programme : Petite journée de navigation, à faire des ronds dans l’eau pour profiter de la journée et éventuellement, d’une petite partie de pêche. Rien de bien méchant. La météo prévoit une excellente journée ensoleillée avec une petite brise. Parfait pour notre programme.

Peu après 14h, alors que la journée se passe bien, je commence à me rendre compte que la côte, à l’ouest, est de moins en moins visible. Assez rapidement, je comprends que la brume est en train de tomber. J’ai le bon réflexe, sans doute par crainte et prudence, de bien regarder mon cap et de me positionner par rapport à deux amers ( un phare et un château d’eau). Les minutes qui passent me donnent raison. En moins de 5 minutes, nous nous retrouvons dans un brouillard tellement épais que je ne vois pas à plus de 10m ( cf photo de l’article). J’estime avoir eu la chance d’avoir pris les bons réflexes, et d’avoir des instruments qui marchaient avec moi pour retrouver l’entrée du chenal, et ne pas me retrouver sur les récifs.

Je vous assure que cette situation est stressante. Et c’est encore plus vrai pour nous plaisanciers côtiers. En effet, au large, il y a peu de risques. Sur la côte, nous sommes entourés de bateaux et la côte est toute proche. Elle est aussi réellement magique, plus qu’une navigation de nuit, mais cette ambiance surnaturelle ne couvre pas le stress. Alors voici le retour que je peux en faire et quelques règles de rappel pour naviguer dans le brouillard.

Restez au mouillages

Le premier bon réflexe pour naviguer dans le brouillard, et bien c’est de ne pas naviguer dans le brouillard. Super vous allez me dire. Mais pourtant, ce n’est pas idiot à rappeler. Si vous êtes au port, vous êtes tranquille. Si vous êtes au mouillage, pourquoi prendre la mer alors que vous êtes bien sur votre ancre ?

Il faut bien reconnaître que le brouillard ne dure jamais très longtemps, surtout en mer. S’il s’agit d’une brume matinale, autant attendre que le vent monte et lève cette dernière. Car, en effet, le brouillard est généralement signe de pétole. Il n’y a généralement pas de vent. Alors autant attendre son retour.

Si vous restez au mouillage, pensez à allumer vos feux de mouillage, mais aussi vos feux de navigations bâbord et tribord. Cela est surtout utile si vous êtes mouillé en dehors des zones cartographiées. Allumez votre VHF et AIS, cela peut aider d’autres bateaux à vous remarquer.

Les bon réflexes pour naviguer dans la brume ?

Si le plus sage est d’éviter de naviguer dans le brouillard, parfois la brume tombe sans prévenir et nous surprend dans notre navigation. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé. La première chose à faire est de bien noter votre position, de visu et sur une carte, avant que le brouillard tombe. Ensuite, notez votre cap. Cela vous permettra de connaître votre route et de ne pas aller sur la côte.

Ensuite, le plus sage est de ralentir. Si vous êtes à la voile, cela se fera tout seul généralement. En effet, comme le vent tombe lorsque le brouillard en fait de même ( même si il peut y avoir des exceptions). Si vous êtes au moteur, ralentissez. Il peut aussi être recommandé d’allumer le moteur, pourquoi pas. Cela permet de se faire identifier par d’autres bateaux.

Dans le même temps, si vous êtes en équipage, envoyer quelqu’un à l’avant ( pas vos enfants…) pour faire une veille. Soyez attentif au moindre bruit, in ne vous reste plus que le son pour vous guider. Et encore, le son est tronqué. Vous entendre un bruit de moteur arriver mais serez incapable de savoir d’où il vient.

Enfin, vous devez vous équiper. Ayez, à portée de main :

  • Une corne de brume
  • Une VHF portable
  • Un lecteur de cartes GPS ( portable, smartphone,…)
  • Le sondeur

En effet, le gros avantage que nous avons, par rapport à nos anciens des années 70, est que nous avons des instruments de navigation bien pratiques. Nous allons voir cela ensemble.

Les signaux sonores et la navigation

voilier dans la brume

Nous allons commencer par la Corne de brume. Elle est indispensable pour naviguer dans le brouillard. Cette dernière est le principal outil que vous ayez pour vous signaler à d’autres bateaux. Elle va vous permettre de vous identifier, mais aussi d’informer sur vos manœuvres. En effet, dans le brume, les feux de navigation ne sont pas visibles.

Mais cette utilisation ne se fait pas au hasard. Vous devez respecter les règles du RIPAM, dont l’objectif est justement d’éviter les collisions en mer. Le RIPAM, qui édicte aussi les règles de priorité, précise, entre autres :

  • Qu’un navire à propulsion mécanique ayant de l’erre doit faire entendre un son prolongé à des intervalles ne dépassant pas deux minutes.
  • Qu’un navire qui n’est pas maître de sa manœuvre, un navire à capacité de manœuvre restreinte, un navire handicapé par son tirant d’eau, un navire à voile, un navire en train de pêcher et un navire qui en remorque ou en pousse un autre doivent émettre, au lieu des signaux prescrits aux paragraphes a) ou b) de la présente règle, trois sons consécutifs, à savoir un son prolongé suivi de deux sons brefs, à des intervalles ne dépassant pas deux minutes. 

Comme je vous le disais, la corne de brume permet aussi d’informer sur sa manœuvre :

  • Un coup : « Je modifie ma route sur tribord. »
  • Deux coups : « Je modifie ma route sur bâbord. » 
  • Trois coups : « Je fais marche arrière. »
  • Cinq coup minimum : « Je ne comprends pas vos intentions. »

Quels outils et instruments pour naviguez dans le brouillard ?

Enfin, je vais vous parler des instruments. Alors oui, les plus puristes me diront qu’une carte papier, un compas et une règle CRAS suffisent à naviguer. Ils ont sans doute raison. N’empêche que j’étais bien content d’avoir, sous la main, les équipements électroniques suivants, indispensables pour naviguer dans le brouillard :

  • Un sondeur : Bon, celui-là, vous l’avez sans doute tous. Il est indispensable pour naviguer dans le brouillard. Il va vous signaler si vous vous approchez de la terre ou d’un plateau avec, éventuellement, des récifs. Vous devez donc avoir un œil dessus si vous êtes vraiment proche de la côte ou près de plusieurs récifs ( ceux qui naviguent près de Concarneau, aux Glénan ou vers Bréhat savent de quoi je parle. Certains sont même capables de naviguer à la sonde sur une carte, en suivant la ligne de sonde. Ce qui n’est pas mon cas.
  • Une corne de brume: la corne de brume permet d’informer les autres bateaux de votre présence.
  • Une VHF : La VHF est pratique pour échanger avec des bateaux proches de vous, et que vous commencez à distinguer. Si vous ne comprenez pas sa route, contactez-le à la VHF.
  • Le GPS. C’est clairement l’outil que je suis heureux d’avoir. Je possède un GPS portable. Cela me permet de l’avoir sous la main. Il est plus autonome qu’un smartphone et m’évite de retourner à la table à cartes pour savoir ou je suis. Mon GPS m’a permis de rejoindre le chenal au mètre près. Je suis arrivé sur la bouée bâbord d’entrée du chenal en la voyant qu’à deux mètres du bateau, et du bon côté. Je peux vous dire que j’ai remercié la bête. Le plus compliqué arrivant d’ailleurs, avec la navigation dans le port. Mais comme par hasard, c’est le moment que brouillard a choisi pour se lever.
  • Enfin, certains d’entre nous serons peut-être équipé d’un radar ou d’un AIS. Ces deux outils seront eux aussi bien pratiques.

Bref, pour résumer, je pensais que naviguer de nuit était l’expérience ultime. Je me trompais, naviguer dans le brouillard est encore plus magique. Cependant cette expérience est stressante sur la côte. Le principal est donc d’avoir tout ce qu’il faut sous la main, de ralentir, de veiller et de rester zen.

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