Cordages marins : Du gréement courant au gréement dormant.

Les fibres composant les cordages marins sont de plus en plus techniques. Ces innovations permettent de changer de paradigme concernant leur utilisation. De leurs fonctions d’amarres, de drisses ou d’écoutes, ces bouts se transforment en accastillage textile, voire en gréement dormant. Tour d’horizon sur cette révolution déjà bien éprouvée par les skippers professionnels, de la régate à la course au large, et qui peuvent trouver leur place sur nos voiliers de croisières.

Je dois bien avouer que j’aime beaucoup les vieux voiliers, des années 80. Mais je ne suis pas pour autant contre les innovations. Sans attendre avec impatience les innovations de l’Amercica’Cup sur nos bateaux de plaisance, certaines avancées sont très intéressantes. C’est le cas, par exemple, des fibres textiles et de leurs utilisations en tant que cordages marins. Il faut bien reconnaître que nos amarres, drisses et autres écoutes ont bien évoluées, surtout ces dernières années avec de nouvelles fibres textiles. Ces dernières permettent même d’envisager des usages insoupçonnés jusqu’ici,

Je ne se suis pas un spécialiste des fibres textiles. Je vais cependant regarder avec vous cette évolution et les usages possibles de ces cordages marins.

Petite histoire des cordages marins

Il est loin le temps ou les bateaux à voiles étaient équipés de bouts et drisses en matières végétales, comme le lin, le coton ou encore le chanvre, par exemple. Jusqu’aux années 50, nos magnifiques voiliers classiques, et premiers voiliers de la belle Plaisance en bois, en étaient encore équipés. Mais dans les années 60, la révolution de la plaisance touche tout le secteur.

Si les premiers voiliers en plastique, comme le Grand Large du chantier Edel ou le Golif voient le jour, ils ne sont pas seul à changer le monde la plaisance. En effet, les cordages marins connaissent eux aussi leur révolution. Exit les matières végétales, nos ingénieurs vont chercher à faire plus efficace. C’est la naissance des premières fibres de synthèse, issues de la pétrochimie. Ces premières fibres vont s’avérer plus résistantes à la pourriture et à l’humidité, mais aussi aux UV. C’est clairement une révolution.

Ces nouvelles fibres vont très rapidement trouver leur place et équiper l’ensemble des voiliers de plaisance, comme de régate bien évidemment. Les cordages polyester font donc leur apparition et seront utilisés pour l’ensemble des manoeuvres de nos voiliers, des amarres aux drisses en passant par les écoutes. En plus d’être plus résistant, le polyester permet de colorer les cordages et de mieux organiser le gréement courant. De son côté, des fibres comme le polyamide, grâce à son élasticité, est utilisé pour les amarres et mouillages.

Cependant, ce type de cordage marins se contente de remplacer les manœuvres. Si, sur les vieux gréements, le textile végétal pouvait aussi bien être utilisé pour le gréement courant que pour le dormant ou encore l’accastillage, ce n’est pas le cas pour le polyester. Ce dernier n’est pas assez résistant pour être utilisé en accastillage ou gréement dormant.

Cependant, une deuxième révolution va arriver 50 ans plus tard. C’est l’arrivée de nouvelles fibres, comme le dyneema ou le kevlar. Ces nouvelles technologies vont clairement permettre de nouveaux usages des cordages marins. Les corderies, comme par exemple la Corderie Gautier, proposent des cordages permettant de faire des manilles textiles ou encore des gréements dormants, plus résistants que les câbles aciers.

Choisir ces nouvelles drisses et écoutes pour votre voilier

Le gros avantage de ces fibres modernes, comme le Dyneema, entre autres, est le meilleur rapport diamètre/charge de rupture. Clairement, cela signifie que ces fibres sont plus légères, tout en ayant une résistance supérieure au polyester. Vous économisez donc du poids. Cependant, si ce gain est toujours appréciable, avouons-le, nous serions bien incapables de voir la différence en croisière.

J’y vois donc un autre avantage. Sous réserve de la compatibilité avec vos winches, taquets et poulies, il est tout à fait envisageable de remplacer des écoutes et drisses en polyester par des drisses et écoutes en dyneema. En effet, à diamètre équivalent, vous aurez des manœuvres plus résistantes. Je pense à cela car nous croisons régulièrement, sur les pontons, des voiliers avec des écoutes ou drisses surdimensionnées. Par sécurité sans doute. Ici, pas de soucis de diamètre pour avoir des écoutes plus rassurantes. A l’inverse, si votre accastillage n’a pas de contre-indication ( de taille et diamètre), vous réduisez le diamètres de vos manœuvres.

L’accastillage textile pour la croisière

manilles textiles

S’il y a bien un secteur ou le textile est devenu accessible, c’est bien l’accastillage. En effet, les manilles textiles sont devenues très accessibles. En vente chez tous les shipchandlers, elles peuvent même être fabriquées soi-même en achetant des kits. Bon, il faut avoir quelques connaissances en matelotage, mais ce n’est pas si compliqué que cela.

Ces manilles sont généralement fabriquées en dyneema. Elles ont des avantages certains. Elles sont plus légères que l’inox, à charge de rupture équivalente. Elles sont aussi moins agressives pour les voiles, le bateau et… nos mains ou nos pieds.

Depuis peu, ces manilles sont complétées par des mousquetons, des axes de poulies voire des taquets bloqueurs.

Le gréement textile pour les marins exigeants

bout kevlar

Depuis quelques années, les fibres textiles remplacent même les câbles de notre bon vieux gréement dormant, parfois vieux de plus de 20 ans ( oui, oui, il y en a quelques-uns parmi nous…). Bon, pour le coup, il faut bien reconnaître que ces gréements dormants textiles équipent plus souvent les voiliers des skippers professionnels que nos bons baroudeurs côtiers. Il est vrai que les tarifs sont encore top élevés pour justifier une utilisation en remplacement de nos haubans et pataras en inox.

Le choix du dyneema a clairement des avantages techniques pour les pros de la voile sportive. Il est :

  • Plus résistante
  • Plus léger
  • Plus durable

Cependant, il demande l’accompagnement d’un professionnel du gréement pour être installé. En effet, le réglage d’un gréement textile réclame quelques précautions et la taille du cordage doit respecter certaines précautions. Peut-être qu’un jour, ce choix deviendra plus évident pour nous, plaisanciers du dimanche. Dans les cas, installer un étai largable avec une fibre textile est plus facilement envisageable.

Voilà, de mon côté, j’aimerai beaucoup avoir vos retours.

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