Le remplacement d’un moteur inboard diesel par un moteur électrique, pour nos bateaux, est une opération qui va devoir s’envisager dans les années qui viennent. Je vous propose un dossier complet pour faire le tour de la question, en toute objectivité, de l’installation au coût de l’opération en passant par les avantages et inconvénients du moteur électrique.
Nos bons vieux moteurs diesel vivent-ils leurs dernières heures de marche ? Tout laisse penser que oui. Bien évidemment, nous serons encore nombreux à utiliser nos quelques litres de gasoil par saison dans les années qui viennent. Mais tout laisse penser que la révolution pourrait aller vite, à l’image du marché de l’automobile.
Mais voilà le marché de l’automobile n’est pas le marché du nautisme. Le parc de bateau d’occasion est très important et on n’achète pas un bateau comme on achète une voiture. Et en tant que plaisanciers, nous avons parfois l’impression, à tort ou à raison, d’être des vaches à lait à qui on va demander de gros chèques pour n’importe quelle opération de maintenance. Alors imaginez pour passer au moteur électrique…
Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons pas fermer les yeux. Car la planète le demande et, nous le verrons, peut-être bien aussi notre portefeuille et notre stress de plaisancier passionné. Je vous propose donc ce dossier pour faire le tour de la question du remplacement de votre moteur diesel par un moteur électrique. Nous parlerons, ici, de refit, de rétrofit, mais aussi d’hybridation.
En toute transparence, j’ai contacté plusieurs professionnels du secteur pour me proposer des solutions techniques et chiffrées très concrètes. Je voulais avoir une idée très précise de l’installation, des difficultés et du prix « installation comprise ». Une seule m’a répondu et a accepté de jouer le jeu. Je suis très surpris. Allez, je vais être sympa, je vais dire que le site Mers&Bateaux est trop petit pour que cela les intéresse…
La seule entreprise qui m’a répondu est OZO. Son gérant, Jean-Pascal PLUMIER , a pris un très long moment pour échanger avec moi, en toute transparence, sur le sujet. Je le remercie donc et précise que cet article n’est pas sponsorisé, même si nous parlerons, du coup, surtout de ses solutions.
Passer à l’électrique : une nécessité à moyen terme
Commençons par le pourquoi de la chose. Je ne sais même pas si je dois parler de la nécessité, à terme, de remplacer son moteur thermique par un moteur électrique. Mais allons-y quand même.
Oui, passer à l’électrique va devenir indispensable, à moyen terme, à défaut de devenir obligatoire.
C’est une tendance de fond qui va entraîner de nombreux changements.
Pour commencer, il y a le plan Odysseo. Ce projet gouvernemental qui a pour objectif de protéger l’écosystème de la Méditerranée,dans un premier temps. Mais nous pouvons penser ( c’est un avis personnel) qu’il sera déployé sur tout le littoral.
Mais au-delà du national, certains ports souhaitent limiter, voire interdire, à terme, l’usage des moteurs thermiques. Et serait-il surprenant que des zones de mouillage et des plans d’eau comme Le Golfe du Morbihan, les Glénan, le Bassin d’Arcachon ou les calanques interdisent, dans quelques années, leur accès aux bateaux à moteur thermique ?
Quand je vois la vitesse à laquelle la réglementation change pour l’accès aux centre-ville et dans le bâtiment, nous devons nous intéresser au sujet rapidement.
Les avantages du moteur électrique
Mais bon, remplacer son moteur diesel par un moteur électrique n’est pas qu’une question de réglementation. Ce changement de motorisation pour nos moteurs inboard a plusieurs avantages pour nous. Avouons-le, si nous mettons de côté l’affect, avons-nous beaucoup de passion pour notre moteur ? Nos bons vieux Yanmar ou Volvo ont tendance à nous apporter plus de souci que de bonheur. Ils puent, nous inquiètent souvent, nous emmerdent parfois et nous coûtent cher. Et moins nous l’utilisons, mieux c’est pour nous… et moins c’est bon pour lui. Nous sommes d’accord ?
A ce petit jeu de la comparaison, le moteur inboard électrique a de sacrés atouts :
- Il est silencieux
- Il ne demande aucun entretien
- Il a peu de pièces d’usure
- Il est fiable
- Son rendement est supérieur au thermique
- Il peut resté silencieux tout l’hiver sans demander de remise en route pour la saison
- Il est plus silencieux qu’un moteur thermique
- Il ne pue pas et ne perd pas d’huile en fond de cale
- Il démarre sans préchauffage
- la totalité du couple est disponible immédiatement.
- Bien évidemment, il est écologique
- Enfin le poids d’un moteur électrique est plus léger que celui d‘un thermique. Et les batteries peuvent être installées ou vous le souhaitez. Cela permet donc une meilleure répartition des poids.
Alors, qu’en pensez-vous ?
Bon, si je m’arrêtais là, nous serions tous déjà à demander des devis. Mais voilà, il a encore un petit inconvénient : Son installation. Changer son moteur quand celui-ci tourne encore bien… c’est compliqué à accepter. Et l’installation d’un moteur électrique est plus coûteuse que l’installation d’un nouveau moteur diesel. Mais la différence à tendance à se réduire fortement.
L’autonomie est aussi à surveiller. Les moteurs électriques demandant une grande quantité de batterie pour une utilisation longue.
Quelle solution pour installer son moteur électrique ?
Bon, voyons maintenant ce qu’il est possible de faire. Quand on fait le tour de la question sur le web, on trouve de tout. On retrouve bien quelques grands acteurs qui semblent proposer des solutions intéressantes ( Ocean Volt, WaterWorld, Vetus,…). On trouve des moteurs électrique :
- A ligne d’arbre
- Sail Drive
- Pour toutes les puissances Adaptables à tous les voiliers. Et la société française OZO, mais nous y reviendrons, propose même une solution qui s’adapte sur l’existant pour transformer son moteur en moteur hybride.
Le seul problème que je vois, pour le moment, est que les contacts commerciaux et de SAV semblent vraiment aléatoires. J’ai par exemple, reçu de mails d’erreur pour des messages envoyé via des sites de distributeurs ou fabricants. Clairement pas bon signe. Et s’y retrouver entre les fabricants, les distributeurs, les installateurs et agents est très compliqué. Je vous inciterai donc à vous orienter vers une entreprise française déjà bien installée et maîtrisant la technologie.
Remplacer son moteur : Mode d’emploi
Venons-en à l’installation de notre moteur électrique. Pour répondre à cette question, j’ai longtemps échangé avec le directeur de l’entreprise OZO. Pour vous faire un petit résumé sur notre expert, l’entreprise a été créée en 2010. Son cœur de métier est la motorisation électrique et surtout la batterie Lithium. Ils travaillent pour le secteur industriel, mais proposent aussi des solutions pour les vélos électriques, dont un système permettant de transformer un vélo classique en vélo électrique (et nous y reviendrons plus tard, vous verrez). Ils possèdent le premier atelier de réparation de batterie lithium en Europe et vont créer une usine de fabrication en France.
L’entreprise est constituée de 7 ingénieurs et 30 salariés. Fort de ce savoir-faire, cela fait maintenant 3 ans qu’ils proposent des moteurs électriques pour bateaux. Bon, je fais de la pub, mais ce côté « d’abord spécialiste du moteur électrique » me rassure.
En fait, l’installation d’un moteur électrique est beaucoup plus simple que je ne l’imaginais. Pour faire simple.
Sur un moteur thermique, nous avons :
- Un moteur
- Un circuit de refroidissement
- Un réservoir à gasoil
- Des batteries pour démarrer le moteur
- L’arbre d’hélice
Et bien sur un moteur électrique, nous avons :
- Un moteur
- Un circuit de refroidissement, là aussi
- Une batterie qui remplace le réservoir de gasoil
- L’arbre d’hélice
Et, je n’ai rien à rajouter…
Le remplacement du moteur diesel par un moteur électrique est en fait beaucoup plus simple que je l’imaginais. Les étapes sont les suivantes :
- Désinstallation du moteur thermique et de ses composantes
- Installation du moteur électrique, sur 4 plots élastiques en lieu et place des silents blocs
- Alignement du chassis sur la ligne d’arbre
- Adaptation de la cartographie de la vitesse de rotation en fonction de l’arbre d’hélice afin d’adapter le rendement du moteur en fonction du rendement de l’hélice ( particularité de la solution d’OZO). Certains fabricants demandent de changer l’arbre et l’hélice, ce qui augmente considérablement le coût d’installation.
- Installation de la ou des batteries.
Quelle puissance de moteur électrique est nécessaire ?
Pour le coup, ici, je vais rester très simple. Parce que la question de la puissance du moteur électrique va avoir une incidence sur plusieurs autres aspects de l’installation ( batteries,…) et dépendre de différents facteurs ( vitesse maximale de la carène, hélice, autonomie,…)
Mais nous pouvons retenir que 1 kW vaut à 1,35984 ch
Quelle sera votre autonomie ?
Et concernant l’autonomie, nous pouvons envisager, avec un moteur de 6Kw, sur un voilier de 8,50m, avec un parc de batterie cohérent pour ce type de voilier, avoir une autonomie de 10h à 5 nœuds ou 30h à 3 nœuds.
Le prix d’une remotorisation
Parlons prix, maintenant. Nous allons mettre en avant le prix de l’équipement, son installation et l’entretien.
Prix d’un moteur électrique :
Bien évidemment, le prix va dépendre de sa puissance. Pour vous donner une idée, le moteur de 6Kw d’OZO est proposé au prix de 3490€.
Ce prix comprend :
- le moteur
- le contrôleur
- Les commandes et boutons d’urgence
- les fusibles, connecteurs divers,…
- Bref : Tout
Prix des batteries
Le prix des batteries va dépendre de vos besoins. Cela peut aller de 600 à 3000€.
L’installation du moteur électrique et de la batterie :
Comptez 24h de main d’œuvre pour la dépose de l’ancien moteur et l’installation du nouveau, avec tous ses composants.
L’entretien :
Aucun entretien n’est à prévoir. Pas d’hivernage ou de pièces d’usure tous les ans. La durée de vie d’une batterie Lithium est de 15 ans et le roulement à bille du moteur a une durée de vie de 100.000h.
Pour résumer, l’installation d’un moteur électrique sur nos voiliers devrait varier e 7.000€ à 15.000€. Mais attention, je parle ici de la solution d’OZO. J’ai vu passer des simulations bien au dessus de ces tarifs.
Les alternatives à l’installation d’un moteur électrique
Enfin, je voulais vous parler d’une alternative au remplacement d’un moteur diesel par un moteur électrique. Car, en effet, ce remplacement n’est pas toujours possible pour des questions de budget ou d’autonomie. Et bien OZO propose un système d’hybridation très intéressant.
Je vous disais, plus haut, que la société, dont les valeurs sont tournées l’économie circulaire, avait imaginer un système pour transformer un vélo classique en vélo électrique. Et bien elle propose la même chose pour nos bateaux.
OZO propose un petit moteur électrique, s’installant en parallèle du moteur thermique. Ce système, appelé Micro-hybridation, permet de bénéficier d’un moteur électrique, qui vient lui aussi se mettre en lien avec l’arbre d’hélice. Ce petit moteur permet de bénéficier d’une autonomie suffisante pour arriver sur un mouillage ou au port. Il a déjà été installé sur un voilier de 10 mètres. Il permet à ce dernier de naviguer 45 minutes à 3 nœuds. Sa batterie ne pèse que 4kg.
Le prix de cette motorisation est de 2.500€ batterie comprise. Et il peut être installé, même en absence d’un moteur thermique. Cela peut être une excellente alternative.
Je trouve cette solution parfaite pour des petits de 7 à 8 mètres, par exemple, dont le moteur diesel serai définitivement Hors service. Une excellent alternative à l’installation d’u n moteur hors-bord. Vous devrez rajouter 8 heures de main d’œuvre pour l’installation.
Un système d’hybridation, plus classique, est aussi proposer. Il permet aux plaisanciers de réduire leur consommation de carburant.
Et voilà. J’espère que je vous ai éclairé. Et n’hésitez pas à nourrir cet article de vos expériences et connaissances, en commentaire.
Bonjour,
Interressant!… Pour moi ce serait remplacer un perkins 4108 de 50 Cv par un moteur électrique sur un voilier alu de 12m déplacant 12 tonnes. Quelle autonomie peut on esperer avec les batteries du bord (5 de 100Ah)?
Pour répondre à vos questions, voici la réponse du pro: « Le temps de charge va dépendre de la puissance du chargeur. Pour information, le temps de charge se calcule comme suivant : Capacité batterie (A.h)/ Courant de charge (A) = Durée de charge (h). Donc par exemple, pour un voilier de 9m qui naviguait 5h, je conseillerai une batterie 280A.h, en 60V ou 72V. Ce qui donne 11h avec un chargeur 25A, et 5h30 avec un chargeur 50A. Cependant nous somme limité au courant de charge maximal, car les cellules ont une limité de courant absorbable, fréquemment inscrit dans la documentation technique des cellules. »
Combien de temps faut il pour recharger un parc batteries permettant ces 8 à 10h d’autonomie ?
Avec mon vieux Yanmar YSE8, je ne mets pas plus d’un quart d’heure pour refaire le plein…
C’est vraiment sympa d’avoir pris le temps de ces recherches! Et du coup je vais garder mon moteur thermique, bien plus adapté aux voiliers habitables Pour le moment le problème de l’autonomie n’est pas résolu. Comment recharger ses batteries en nav hauturière ? Ou si on ne peut pas accéder à une marina? Les panneaux solaires n’y suffiront pas. De plus remplacer un moteur déjà installé et quu marche par un moteur électrique n’est pas écologique.. Enfin les batteries au lithium ont la fâcheuse tendance à provoquer des incendies si on les malmène un peu, et l’extraction du lithium est très polluante. Pour les réserves naturelles on peut y arriver à la voile ou à la rame, ou s’abstenir… Mais les enjeux sont différents sans doute pour les day-boats à moteur.
La majorite des bateaux récents présentés au Dernier grand Pavois étaient équipés de propulsion electrique incidence sur le prix de vente environs
10 à 15000 € . J’ai essaye un JPK équipé électrique avec un groupe propulseur qui devient générateur très interressant mais le problème est: la période sans vent ni soleil pour une expédition nordique , le propriétaire avait adjoint une groupe thermique , ce qui peut être une solution pour les longues croisières
Merci pour ton retour
Sujet qui sera de plus en plus à considérer. J’y songe pour mon 7.70 de 1600kg équipé d’un hors-bord assez disgracieux.
Pas besoin de beaucoup de kW.
5 devraient être amplement Suffisants. Du couple mieux qu’un diesel et de la régénération sous voiles à partir de 3 noeuds (rapport 1/10 de ce que je crois savoir entre temps d’utilisation et de recharge en étant raisonnable en utilisation).
On peut même envisager de recharger les autres batteries si la nav dure.
Suffisant pour réaliser quelques manoeuvres.
Pour se propulser dans la pétole il faudra être sage.
Oui le lithium il faut l’extraire et oui attention aux batteries.
C’est comme pour les voitures électriques. Il y a des emplois adaptés ou pas.
Ce n’est pas la solution miracle pourctout le monde… mais ça s’envisage dans mon cas.
Quant aux professionnels existants. Il commence à y en avoir
Bonjour,
merci pour ce point sur les aspects techniques. Je me pose la question de l’aspect administratif. Savez-vous quelles sont les démarches pour régulariser la situation administrative du bateau en cas de remplacement d’un hors-bord essence par un inboard électrique ?
Merci
Je me renseigne et ajour l’info à l’article 😉
Et pour moi qui suis au mouillage sur corps mort, j’investis dans un groupe électrogène de 6 kw pour recharger mes batteries ?
panneaux solaires
Merci pour ces infos, pareil que « poisson », je me débarrasse de mon perkins 4108 (avec total respect pour cette mécanique , qui a fait ses preuves), pour un voilier 10m50 , 6 Tonnes. Bien à vous
Bonjour,
ça semble intéressant, à voir sur du long terme comment ça résiste !
J’ai un YANMAR 2GM20C très économique et fiable jusqu’à la ! (18cv si je ne me trompe pas)
Mon Challenger Super Bravo est de 1986 (8,80m pour 2,5T), j’espère le garder encore très longtemps et du coup, je me pose la question de savoir si ça va être rentable de passer à l’électrique ? (seul l’avenir le dira)
Après, niveau pollution à l’utilisation, c’est plus adéquat que le moteur thermique.
Y a t’il possibilité d’utiliser des batteries AGM au lieu du Lithium ?