On parle souvent d’erre pour un bateau. Mais que cela signifie-t-il et pourquoi cette notion est importante à comprendre sur nos voiliers?
Sur nos voiliers, nous avons un moteur, nos voiles et une carène. Mais si cela nous permet d’avancer, il n’en reste pas moins que si nous pouvons ralentir, nous ne pouvons pas freiner. Pour ceux d’entre nous qui naviguent régulièrement sur leur bateau, c’est une évidence. Mais pour d’autres, que je ne jugerai pas, il faut bien apprendre, ce n’est pas toujours évident. Si vous ne le savez pas, c’est bien pour cela que vous lisez ces lignes.
Et la conséquence est une coque avec des traces, voire des coups dans le gelcoat. C’est pour cela que la notion d’erre d’un bateau est importante, même sur nos voiliers.
Qu’est-ce que l’erre d’un bateau?
L’erre d’un bateau désigne le mouvement résiduel du navire après l’arrêt ou la réduction de la propulsion. En d’autres termes, c’est l’inertie qui permet au bateau de continuer à avancer même si la force qui le propulsait n’agit plus, que ce soit par arrêt du moteur ou baisse du vent dans les voiles dans le cas d’un voilier.
Ce phénomène résulte de la masse du bateau et de la résistance de l’eau. L’erre dépend de plusieurs facteurs, tels que le poids du navire, sa forme, et les conditions de navigation comme le vent et les courants.
Concrètement, lorsque vous stoppez le bateau… il ne s’arrête pas tout de suite.
Conséquences en navigation
Mais alors quelles sont les conséquences sur la marche du bateau et vos manœuvres.
- Manœuvres portuaires : Lors des opérations d’accostage ou de départ d’un quai, la gestion de l’erre est très importante. Un bateau peut continuer à avancer après l’arrêt du moteur, ce qui nécessite une anticipation pour éviter les collisions ou un mauvais positionnement. Il est important de calculer la distance d’arrêt en tenant compte de cette inertie. Et le seul frein que vous aurez sera la marche arrière.
- Arrêt et freinage : Dans une situation d’urgence, l’erre peut rendre plus difficile l’arrêt rapide du bateau. Les grands navires, comme les porte-conteneurs, peuvent continuer à se déplacer sur plusieurs centaines de mètres après la coupure de leur moteur. Alors, bien évidemment, ce sera moins impressionnant pour nos voiliers, mais ayez toujours cette notion en tête.
- Gouvernabilité : Tant qu’un bateau est en mouvement, même à faible vitesse, le safran du bateau reste efficace. Lorsque l’erre diminue trop, le bateau devient difficile à manœuvrer, car le safran perd son efficacité. C’est un point à considérer lors de la navigation à basse vitesse, notamment dans des chenaux étroits ou des zones portuaires.
- Interruption des voiles : Pour les voiliers, la gestion de l’erre est essentielle lorsqu’on affale les voiles, et que nous n’avons pas de moteur. Même sans vent, un voilier peut continuer à avancer grâce à son erre. Cela peut s’avérer utile pour ajuster la position ou faire une approche contrôlée dans certaines situations, comme l’entrée dans un port ou l’approche d’une bouée.
En conclusion, l’erre d’un bateau est une composante incontournable de la navigation, qui exige de la part du marin une bonne anticipation et une compréhension fine de la dynamique du navire. Elle peut constituer à la fois un atout en certaines circonstances, mais également un facteur de risque si elle n’est pas maîtrisée.