Le Vendée Globe est sans aucun doute la course à la voile la plus dure, physiquement et psychologiquement, pour les skippers. Ce tour du monde est le symbole de la rigueur extrême. Cependant, jusqu’à récemment, peu d’études avaient exploré les conséquences physiologiques et mentales de cette épreuve sur les skippers. L’IMOCA Human Performance Project, dirigé par la bio-ingénieure suisse Bérénice Charrez en collaboration avec l’IMOCA et l’Université de Caen Normandie, apporte un nouvel éclairage sur ce sujet.
L’étude visait à analyser les effets d’une course en solitaire de près de 100 jours sur le corps et l’esprit des skippers. Quinze des quarante participants au dernier Vendée Globe ont été suivis. Les protocoles comprenaient des tests médicaux et physiologiques avant et après la course, ainsi que le port de capteurs biométriques pendant l’épreuve.

Tests réalisés :
- Mesures corporelles : poids, taille, composition corporelle, périmètres musculaires.
- Évaluations physiologiques : tests de VO2 Max, analyses de sudation, force de préhension, hauteur de saut.
- Suivi en mer : fréquence cardiaque, taux d’oxygène sanguin, pression artérielle, température cutanée, conditions environnementales (température, humidité, bruit).
- Évaluations psychologiques : questionnaires quotidiens sur le stress, la fatigue, l’humeur, l’alimentation et l’hydratation.
Résultats principaux de l’étude
L’étude a mis en évidence des transformations physiques notables chez les skippers à l’issue du Vendée Globe. Malgré une perte de poids limitée, des diminutions significatives de la masse musculaire et de la souplesse ont été enregistrées. L’équilibre postural s’est également trouvé perturbé. Ces effets, pour certains comparables à ceux subis par les astronautes, révèlent les impacts méconnus d’une navigation prolongée en solitaire sur l’organisme. Les résultats mettent en lumière une sédentarité inattendue à bord, et questionnent la manière dont les marins doivent se préparer physiquement pour mieux y faire face.
Changements physiologiques observés :
| Paramètre | Observation |
|---|---|
| Taille | Diminution de 1 à 1,5 cm, réversible après la course |
| Masse corporelle | Maintien global, avec quelques pertes significatives |
| Circonférence musculaire | Réduction jusqu’à 10 % des cuisses et mollets |
| Équilibre postural | Altération notable, comparable à celle des astronautes |
| Souplesse générale | Diminution observée chez la majorité des skippers |
Hypothèses explicatives :
- La perte de taille serait due à une compression vertébrale liée à des postures prolongées en position assise et à une diminution de la souplesse.
- L’atrophie musculaire, y compris des biceps malgré l’activité physique, suggère une sédentarité plus importante qu’anticipée pendant la course.
Implications pour la préparation et la récupération
Les résultats de l’étude soulignent l’importance d’une préparation physique et mentale adaptée pour les skippers. Des stratégies de récupération post-course, une alimentation équilibrée et une hydratation adéquate sont essentielles. De plus, l’identification des groupes musculaires les plus vulnérables pourrait orienter les programmes d’entraînement futurs.
Perspectives et prolongements de l’étude
Bérénice Charrez envisage d’étendre cette recherche à d’autres courses en solitaire ou en équipage réduit. L’objectif est de développer des protocoles de suivi et de prévention pour améliorer la performance et la santé des marins. Cette approche s’inscrit dans une tendance plus large d’optimisation des performances dans les sports d’endurance.
L’IMOCA Human Performance Project met en lumière les défis physiologiques uniques auxquels sont confrontés les skippers du Vendée Globe. Ces découvertes ouvrent la voie à des améliorations significatives dans la préparation et le soutien des marins engagés dans des courses extrêmes.