Voici une question polémique, qui va sans doute faire réagir en commentaire. Effectivement, pourquoi se poser la question de l’impact, sur l’environnement, de nos bateaux, qui avancent à la seule force du vent ? Et bien, tout simplement, par ce qu’il est toujours bon de remettre en question et de prendre de la hauteur.
S’il est vrai que nous, les voileux, sommes beaucoup moins polluants que les utilisateurs de bateaux à moteur, notre impact environnemental ne s’arrête pas à la propulsion. Alors, bien évidemment, n’étant pas un expert en la matière, je ne vais pas vous présenter de chiffres certifiant que telle ou telle action est responsable de telle quantité d’émission de CO2 ( d’ailleurs même les experts entre eux, en profiteraient pour s’écharper…). L’idée est de voir si nous pouvons mieux faire, et, éventuellement, de polémiquer…
Commençons par la construction de nos bateaux. Mouais, là, clairement, peut mieux faire. Entre la résine de polyester, l’époxy et les différents matériaux des sandwichs de nos coques, nos bateaux ne sont pas supers écolos. Même les voiliers construits en contre-plaqués bois utilisent de l’époxy en quantité. Et je ne parle même pas des coques en aluminium et de notre accastillage en inox.
Alors, imaginez, ensuite, lorsqu’un bateau échoue, coule, ou se casse, et que les débris vont se promener partout.
Bref, vous l’avez compris, la construction de nos bateaux ont un sacré impact sur l’environnement. Preuve en est, des vielles coques de plus de 50 ans traînent toujours dans nos ports, marinas, voire au fond des chantiers.
Vient ensuite l’antifouling de nos bateaux. Là encore, je ne suis pas persuadé que les fonds marins apprécient beaucoup ce produit pensé, justement, pour combattre en partie cette flore et cette faune sous-marine. Alors, oui, des scientifiques et des entrepreneurs s’intéressent à ce problème. Mais force est de reconnaître que les alternatives à l’antifouling vraiment efficaces se font encore attendre.
Passons maintenant à notre usage du bateau et nos navigations. Car nos navigations ont un impact sur l’environnement. Combien, parmi-nous, aiment pêcher, lors des navigations ? Moi, j’en fais partie. Et je ne compte plus les fils de pêche cassés, partant se dissoudre tranquillement et finir leur vie dans l’estomac des poissons, puis le vôtre, sans doute.
Je continue ? Lors de nos escales, pensez à cette ancre qui vient ratisser les fonds marins que nous adorons tellement que nous allons plonger pour les admirer…. Tant qu’il y a quelque chose à voir. Et bien évidemment, nous choisissons tous les mêmes plans d’eau.
Et poursuivons, combien d’entre-nous sommes équipés d’une cuve à eau noire dans le bateau, en lieu et place d’une vanne d’évacuation ? Moi pas, je l’avoue. Et je ne parle pas de ce déchet qui, avec le vent, viens finir sa course sur la plage ou coincé dans les rochers.
Bref, vous l’avez compris, même en naviguant à la voile, nous ne sommes pas des anges écolos.
Mais, pour autant, je ne vais pas rester sur cette note négative. Car, en effet, je ne crois pas que la voile soit un loisir polluant. C’est peut-être nous qui avons tendance à oublier certaines bonnes habitudes et qui pouvons faire mieux.
Car nous sommes des précurseurs, j’en suis persuadés. Bien avant que certains écolos ne nous condamnent à la perpétuelle repentance, ou ne nous jugent, nous avons compris l’intérêt de gérer notre consommation et vivre en harmonie avec la nature. Et la voile est une excellent école de la vie.
Qui mieux qu’un plaisancier, et un marin en général, sait qu’il n’est pas possible de dompter la nature. Qui mieux qu’une famille partant en croisière, l’été, sait qu’il faut gérer l’eau, à bord, ses déchets et la nourriture. Qui mieux qu’un ou une propriétaire de voilier, sait qu’il est possible de naviguer sur un bateau de plus de 50 ans, si on en prend soin et qu’on lui apporte assez de respect ?
Alors oui, la construction de nos bateaux, et leur entretien, ont un impact sur l’environnement. Mais si nous avons conscience que nous pouvons, collectivement, faire encore mieux que ce que nous faisons aujourd’hui, le nautisme peut être un modèle pour les nouvelles générations et, peut-être, redevenir un loisir populaire.
Sujet courageux…
Premier commentaire… Je me lance.
Nous ne sommes en tant que voileux ni les pires, ni les meilleurs.
Je crois que nous faisons encore partie des gens un peu à part et soucieux de la planète.
Tout ce que vous indiquez est exact.
Les eaux noires, les anti-fouling, nos ancres qui « labourent » éventuellement les fonds (sur ce point une couche cartographique dans les logiciels de navigation serait profitable pour notre environnement et poser notre mouillage au mieux) et bien d’autres sujets.
Je re-navigue depuis peu en Bretagne sud depuis peu. Il y a moins de dix ans, l’eau était bien plus limpide et les safrans moins accrocheurs d’algues.
Tout ces signes avant-coureurs d’on ne sait quoi font un peu peur.
Restons vigilants et le plus soigneux possible de notre élément liquide et salé.
Bonne navigation à tous
Pour les eaux noires et grises il existe plusieurs marques qui proposent des traitements biologiques qui permettent les rejets en mer.
Pour les mouillages les cartes indiquent la nature des fonds; roches, sable, autres…
Le problème est plus ardu pour la construction.
Certains s’y attellent ardemment: https://sites.google.com/view/la-vague/accueil
et aussi: https://www.kairos-jourdain.com/fr
La fibre de lin peut remplacer en partie la fibre de carbone et il existe des epoxy biosourcés.
Certains fabricants de voiles incorpore déjà en partie des fibres biosourcées.
L’avenir n’est pas noir et le secteur de la voile n’est pas, et de loin, le moins vertueux.
A suivre…