Le départ au lof est une situation que connaissent bien des plaisanciers, en petit dériveur ou voilier habitable. Sans être dangereux en soi, ce phénomène peut surprendre, déséquilibrer le bateau et, s’il est mal géré, occasionner une perte de contrôle, voire une avarie. Il est pourtant facile à comprendre, à anticiper, et surtout à corriger.
Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon clair et accessible de ce qu’est un départ au lof, pourquoi il se produit, comment y réagir efficacement et surtout, comment l’éviter grâce à quelques réglages simples. Enfin, nous évoquerons un phénomène opposé mais tout aussi intéressant : le départ à l’abattée.
Qu’est-ce qu’un départ au lof ?
Un départ au lof désigne le moment où un voilier remonte soudainement et de manière incontrôlée face au vent, sans que le barreur n’en ait exprimé l’intention. Le voilier « loffe » donc brusquement, c’est-à-dire qu’il vire vers l’axe du vent, jusqu’à perdre sa vitesse et se mettre face au vent, les voiles faseyant.
Ce comportement se manifeste généralement :
- Lorsqu’une rafale de vent survient ;
- Quand le bateau est trop gîté ;
- Ou lorsque la barre devient inefficace à maintenir le cap.
Ce n’est pas une manœuvre volontaire : c’est un déséquilibre de la voilure ou de la barre qui entraîne le bateau dans cette direction.
Pourquoi un bateau part-il au lof ?
Le départ au lof est souvent la conséquence d’un déséquilibre entre la force du vent sur les voiles et la capacité du gouvernail à contrôler la trajectoire. Plusieurs causes peuvent expliquer ce phénomène :
Trop de puissance dans les voiles
Lorsque le bateau est surtoilé, la puissance transmise par les voiles à la coque dépasse ce que le gouvernail peut compenser.
Mauvais équilibre de voilure
Un centre de poussée vélique trop reculé, par exemple avec une grand-voile trop bordée ou un génois réduit, pousse le bateau à loffer.
Rafales et mer agitée
Une rafale brutale ou une vague déséquilibrante peut entraîner une gîte excessive, rendant la barre inefficace.
Barre trop relâchée
Un moment d’inattention à la barre ou une réaction trop lente peut suffire à laisser le bateau loffer de lui-même.
Comment réagir lors d’un départ au lof ?

Lorsque le bateau part au lof, il faut réagir vite et calmement. L’objectif est de reprendre le contrôle du cap sans accentuer la gîte ou stresser le gréement.
Les bons gestes :
- Choquer rapidement la grand-voile : cela réduit la poussée à l’arrière et recentre la force vélique.
- Lofer modérément à la barre pour accompagner le mouvement (ne jamais contrer brutalement).
- Redonner de la vitesse : une fois les voiles stabilisées, relancer la marche en ajustant le cap.
- Rééquilibrer la voilure : si le départ au lof s’est produit sous rafale, il est souvent utile de prendre un ris ou d’ajuster le chariot de grand-voile.
Comment anticiper les départs au lof ?
La meilleure manière d’éviter un départ au lof reste l’anticipation. Un voilier bien réglé est un voilier qui reste stable même sous pression.
Quelques conseils pratiques :
- Adapter la toile : prendre un ris dès 15 nœuds de vent si le bateau y est sensible.
- Répartir les efforts entre GV et génois pour garder un centre de voilure centré.
- Déplacer le chariot de grand-voile sous le vent dans les rafales.
- Ajuster le hale-bas : relâcher légèrement pour laisser respirer la voile.
- Tenir une barre active, même sur pilote automatique : surveiller les variations et anticiper les embardées.
| Conditions observées | Risques de départ au lof | Actions à prendre |
|---|---|---|
| Rafale soudaine | Très élevé | Choquer la GV, déplacer le chariot |
| Voilier surtoilé | Élevé | Prendre un ris, réduire le génois |
| Mer agitée au près | Modéré à élevé | Barre active, équilibre de poids |
| Voile mal réglée | Modéré | Répartir la puissance entre les voiles |
Et le départ à l’abattée ?
À l’inverse du départ au lof, le départ à l’abattée se produit quand le bateau s’oriente brutalement sous le vent, souvent en navigation au portant ou grand largue. Ce comportement peut être particulièrement dangereux sur les bateaux instables ou lors d’un surf incontrôlé.
Ce qu’il faut savoir :
- Il peut provoquer un empannage involontaire, risqué pour le gréement et l’équipage.
- Le départ à l’abattée survient souvent dans les vagues et sous spi, quand le gouvernail décroche.
- Il faut alors contrôler la trajectoire avec une barre active, réduire le spi si besoin, et adopter une attitude de veille constante.
En résumé
Le départ au lof n’est pas une fatalité. Il fait partie des réactions naturelles d’un voilier mal équilibré ou surpris par une rafale. En comprenant les causes, en observant attentivement le comportement du bateau, et en agissant avec méthode, chaque plaisancier peut s’en prémunir.
Anticiper, équilibrer, adapter… Voilà les clefs d’une navigation plus sereine et plus sécurisée, que l’on soit en croisière côtière, en régate ou simplement en balade sous le vent d’une île.