Pourquoi un bateau est ardent ou mou?

On entend souvent les plaisanciers parler de leur bateau en expliquant que celui-ci est ardent ou mou. Mais qu’est-ce que cela peut-il signifier et comment bien équilibrer son voilier

Qui n’a jamais eu cette sensation désagréable de ne pas pouvoir faire ce qu’il veut avec son bateau ? On s’énerve parce que celui-ci ne veut pas remonter au vent et faire du près correctement. Ou alors, l’équipage commence à s’inquiéter parce que le rail de fargue commence à flirter avec la surface de l’eau. Bien évidemment, au-delà des différentes manœuvres à la voile, les bateaux ont leur propre comportement, leur propre caractère. Vous entendrez souvent parler de voilier ardent ou mou. Ces notions sont liées à l’équilibre du bateau, ou plutôt à l’équilibre des forces du vent, sur la voile d’avant et la grand-voile. Et cela impacte directement la puissance du voilier.

L’équilibre du voilier

Comme je le disais, un voilier a son propre caractère, lié à sa conception, son dessin et ses voiles. Ce qui signifie que certains voiliers seront plus puissants que d’autres.

Cette puissance va avoir un impact sur son comportement à la gîte et sur la barre du voilier, entre autres. Nous allons parler de voilier ardent ou mou. Les voiliers des années 70 et 80 étaient réputés pour leur puissance, par exemple. Je me rappelle du Rush familial, dans ma jeunesse. Nous devions réduire la voilure, dès un bon force 3, pour que le bateau reste équilibré. Pour autant, nous allions plus vite que d’autres bateaux avec plus de toiles. Aujourd’hui, je navigue avec un bateau très bien équilibré, un Sun Way 28, qui accepte beaucoup plus de toiles. Il n’y en a pas un mieux que l’autre, il faut juste apprendre à les connaître pour optimiser ses réglages.

Mais ensuite, cet équilibre va aussi être impacté par l’état des voiles, leurs réglages, avec des voiles trop plates ou trop creuses et les rangements.

Vous saurez si votre bateau est ardent ou mou en observant les points suivants :

Caractéristique d’un voilier ardent, ou trop puissant :

• Gîte importante
• Route instable
• Vitesse non optimisée
• barre dure

Caractéristiques d’un voilier mou, ou pas assez puissant

• vitesse faible
• barre mole, tendance à abattre
• Difficulté à passer les voiles sans perdre de la vitesse
• Aucune sensation à la barre

Voyons maintenant comment équilibrer notre bateau

Comment équilibrer un bateau ardent ?

Commençons par un bateau ardent. C’est souvent le cas de nombre de voiliers d’occasion de plus de 30 ans et plus encore. Quand le bateau est ardent, il a tendance à partir au lofe. Cela signifie donc que le vent à tendance à le pousser sur l’arrière, renvoyant la proue au vent. Il y a trop de puissance dans la grand-voile.

Vous le comprendrez vite, car votre voilier aura, de plus, une gîte importante. Dans le même temps, votre barre sera dure et la navigation deviendra inconfortable. Dans ce cas, vous allez pouvoir équilibrer le bateau en effectuant réglant la grand-voile, voire le génois.

• Diminuez la puissance de la Grand-voile en l’aplatissant
• Prenez un ris pour réduire la surface de la Grand-voile
• Diminuez la puissance dans les hauteurs en larguant le hale-bas de bôme
• Augmentez la puissance du génois

Logiquement, avec ces manœuvres, vous devriez rééquilibrer votre bateau et retrouver une navigation confortable.

Comment équilibrer un bateau mou ?

Passons, maintenant, à la situation ou votre bateau est trop mou. Cela peut-être le cas de certains voiliers plus récents ou de voiliers qui ont plus été pensé pour le volume de vie que la puissance.

Vous reconnaîtrez un bateau mou à ses difficultés à remonter au près et à une barre molle, donnant peu de sensations aux barreurs. Ce type de voilier peut parfois être tout aussi pénible, dans certaines situations. Vous devrez garder la barre en main pour remonter au vent régulièrement, par exemple.

Ici, le vent pousse le bateau sur la voile d’avant, le génois ou le foc. Comme il pousse sur l’avant, le bateau va avoir tendance à abattre.

Que faire dans cette situation ?

• Pour commencer, si vous avez moyen d’augmenter la surface de la Grand-voile, faites le en lâchant un ris, par exemple.
• Optimisez la puissance de la grand voile en affinant les réglages. Reprenez le hale-bas de bôme et fermez la voile dans ses hauteurs.
• Diminuez la puissance du génois en l’aplatissant ou en prenant des tours dans l’enrouleur.

Ces conseils ne sont pas des conseils d’un grand skipper pro, je vous l’accorde. Mais nous avons tendance, en croisière ou en navigation en famille, à oublier que les réglages de nos voiles peuvent être affinés. Et pourtant, ces quelques petites manœuvres peuvent grandement améliorer la vie à bord, et nous faire gagner un nœud voire plus. Le top du top est même de naviguer avec une barre qui reste tellement équilibrée que le bateau marche tout seul, avec un tendeur en guise de pilote. Si, si, je vous l’assure.